Le bout du tunnel pour Williams ?

Ayrton Senna et Frank Williams essais F1

Donington Park en 1983 : Ayrton Senna aux côtés de Frank Williams lors des premiers essais du pilote brésilien en Formule 1. Dix ans plus tard, les deux protagonistes se retrouvent pour une collaboration qui prendra tragiquement fin lors du funeste grand prix d’Imola de 1994. © LAT Photographic/Williams F1 

Williams, c’est un monument de la Formule 1 sur le déclin qui entend renouer avec son glorieux passé. Alors que la saison 2014 a tout juste débuté, la dernière FW36 peine pourtant à confirmer sa bonne avant-saison.

L’histoire de Williams commence véritablement en 1977. Sir Frank Williams hante les paddocks de la discipline reine du sport automobile depuis plus de quinze ans, sans résultats probants. Enchaînant les partenariats manqués avec De Tomaso, Iso puis Wolf Racing, ce manager au caractère bien trempé donne naissance cette année-là à Williams Engineering, avec comme bras droit, le brillant ingénieur Patrick Head. Et c’est en tant qu’indépendant, que ce britannique entêté connaît finalement le succès.

Les années 80 comme tremplin

Dès 1980, sa Williams FW07B à moteur Ford, bien domptée par Alan Jones, est auréolée du titre mondial. Une performance imitée par le truculent « Kéké » Rosberg deux ans plus tard. Entre temps, Williams rafle un titre constructeur. Le premier d’une longue série.

Négociant parfaitement l’arrivée du « turbo » au milieu des eighties grâce à un fructueux partenariat avec Honda, la firme britannique s’octroie définitivement une place au panthéon du sport auto avec un troisième titre conquit en 1987 par le brésilien Nelson Piquet. Un événement qui survient moins d’un an après l’accident de la route qui cloua irrémédiablement Frank Williams sur son fauteuil roulant.

Une entrée difficile dans le XXIème siècle

La réussite ne quitte plus l’écurie durant la décennie 90 au cours de laquelle elle s’adjuge quatre couronnes mondiales (Nigel Mansell en 1992, Alain Prost en 1993, Damon Hill en 1996 et Jacques Villeneuve en 1997). Une période toutefois assombrie en 1994 par la bouleversante disparition d’Ayrton Senna, emporté par la folie de sa monoplace, l’incontrôlable FW16.

S’ensuit une période particulièrement creuse marquée par le départ du génial ingénieur Adrian Newey en 1998. Un épisode dont l’écurie ne se remit jamais vraiment. L’arrivée de BMW comme motoriste en 2000 permet toutefois à Williams de se maintenir aux bonnes places du classement grâce à son éclectique paire de pilotes ; le fougueux colombien Juan Pablo Montoya et le placide Ralf Schumacher, frère de Michael.

Mais l’indépendance, chère à Frank Williams ; qui détient encore aujourd’hui plus de 60% des parts de son écurie, a un prix. Les relations du tempétueux manager britannique avec ses partenaires d’un temps ont souvent été parsemées de brouilles. Ce fut le cas avec Honda dans les années 80. Cela s’est reproduit avec BMW, dont l’appétence était vue d’un mauvais œil par celui-ci.

Le désengagement de la firme de Munich en 2005 se fait indubitablement ressentir depuis. 2011 est même la pire année de l’histoire de l’écurie en Formule 1, avec une bien terne 9ème place. Et malgré un léger retour de flamme ces deux dernières années grâce au bloc moteur Renault, Williams demeure un concurrent moyen du plateau.

2014, un tournant ?

La réapparition du « turbo » pour la saison 2014 laissait augurer de bien meilleures perspectives. Ce qui s’est confirmé lors des essais de pré-saison. Epaulés par le très attendu V6 1,6 litres Mercedes, Felipe Massa, transfuge de la Scuderia Ferrari, et sa nouvelle mouture ont démontré une belle fiabilité. Avec à ses côtés le jeune finlandais Valtteri Bottas (24 ans), Frank Williams paraît disposer d’une équipe de pilotes combatifs qui pourrait lui rappeler ses plus belles années lorsque Kéké Rosberg, Alan Jones et Nigel Mansell, davantage réputés pour leur pugnacité que pour leur génie, ont su mener son écurie jusqu’aux cimes de la Formule 1.

Mais après trois courses et malgré des débuts calamiteux du côté de chez Ferrari et Red Bull, Williams ne pointe qu’à la 6ème place du classement des constructeurs. Une déception quand on voit que les écuries Mercedes, Force India et McLaren, équipées du même moteur, trustent les trois premières places.

N’oublions pas qu’avec 9 trophées mondiaux, Williams reste le deuxième constructeur le plus titré de l’Histoire derrière Ferrari. Et comme pour appuyer cette dimension historique importante, la FW36 arbore cette année une somptueuse livrée aux couleurs de la célèbre distillerie italienne Martini, dont les nombreux partenariats tant en rallye qu’en endurance, mais aussi en Formule 1 avec Brabham, Techno ou Lotus, ont marqué la compétition automobile. A ces titres, tout passionné de sport auto ne pourrait que se féliciter d’un retour en grâce de l’écurie de Grove.

Williams Martini Racing

Felipe Massa au volant de la Williams FW36 © Williams Martini Racing

Une réflexion sur “Le bout du tunnel pour Williams ?

  1. Toujours aussi instructif et bien écrit ! Je ne suis plus la formule 1 mais tu m’as donné envie d’aller voir ce que les premiers grand prix ont donné. Quelle surprise de voir que Force India fait un bon début de saison avec des pilotes que je ne connais pas (les pilotes allemands sont une valeur plus sûre que les pilotes français).

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