Hercule Poirot, héraut de l’élégance sur petit écran

Hercule Poirot en smoking dans son appartement Art Déco

David Suchet a annoncé à la fin de l’année 2013 qu’il mettait un terme à son interprétation du célèbre détective Hercule Poirot, dans la série éponyme. L’occasion de revenir sur ce personnage à l’élégance toute remarquable.

Les aventures d’Hercule Poirot, imaginées par la romancière britannique Agatha Christie, ont fait l’objet de multiples productions télévisuelles. La plus convaincante reste toutefois celle dans laquelle David Suchet interprète le détective. Lancée en 1988, la série s’est rapidement imposée en France, où elle fut diffusée sur France Télévision et TMC.

Une série incontournable pour sentir l’ambiance art déco caractérisant si bien les Années Folles et admirer l’allure exquise de ce petit détective bedonnant mais téméraire.

Une véritable exploration des Années Folles et de son univers art déco

Maintes fois primées outre-Manche pour son décor et ses costumes, la série permet de découvrir au milieu d’intrigues haletantes, des œuvres architecturales caractéristiques du mouvement art déco du début XXème. Outre les villas corbuséennes, nombreuses à travers les épisodes, des bâtiments tels que le Burgh Island Hotel dans le comté du Devon, au Sud-Ouest de l’Angleterre ou le théâtre des Champs-Elysées à Paris, ont été mis à l’honneur dans la série. La résidence même du détective honore ce style architectural. Hercule Poirot occupe en effet un appartement dans le réputé Florin Court de Londres, rebaptisé The Whitehaven Mansions pour l’occasion.

La série est également intéressante d’un point de vue automobile. Le détective ne fréquentant que les hautes sphères de la société britannique, on retrouve ainsi de manière récurrente Rolls-Royce et autres Bentley. Mais pas seulement. De somptueux fers de lance du savoir-faire français font également leur apparition. On retient notamment une Delahaye 135S de 1939, carrossée par Chapron dans le premier épisode de la 10ème saison ou encore deux Bugatti Type 35 et Type 51 de 1933 dans l’épisode 5 de la 2ème saison.

Hercule Poirot, un modèle sartorial rigoureux

Si l’inspecteur-chef James Japp, avec qui le détective belge doit souvent composer, est exaspérant de négligence, notre héros demeure quant à lui fascinant de maniérisme. Son apparence ne laisse place à aucun hasard et son souci perpétuel de la perfection laisse présager une maniaquerie exacerbée.

Arborant systématiquement un complet gris ou marine à deux ou trois boutons, parfois rayé, toujours à crans aigus, il privilégie également des couleurs « sable » lorsque ses enquêtes l’envoient en Afrique ou au Moyen-Orient. Il ne rechigne par ailleurs jamais à porter le black tie durant les nombreuses soirées mondaines auxquelles il est convié et où il se hasarde parfois à esquisser quelques maladroits pas de danse. Et même dans ses appartements, point de laisser-aller. Il revêt systématiquement un smoking jacket en velours aux couleurs chatoyantes.

Balmoral à boutons, modèle favori d'Hercule Poirot

Chaussure Balmoral à boutons : Soulier favori du célèbre détective

De manière générale, il privilégie toujours un nœud papillon en soie sur une chemise de popeline blanche à poignets mousquetaires, of course, et à col cassé aux bouts arrondies. Un choix rare du meilleur effet. Il ne se balade également jamais sans ses nombreux accessoires. Que ce soit son incontournable montre à gousset, placée dans la poche de son gilet, son binocle, savamment rattaché aux boutons de ce même gilet ou encore son fameux peigne-moustache ; tout y passe. Quant aux souliers, il ne quitte jamais ses bottines Balmoral à boutons. Un modèle exceptionnel, qui fait par ailleurs son retour aujourd’hui chez les plus grands chausseurs (Aubercy et Corthay notamment).

Un certain manque de souplesse dans l’allure

Une rigidité stylistique qui suffit à embrasser la psychologie du personnage, quelquefois arrogant, toujours prévenant. Pour autant, on peut déplorer son manque d’originalité, notamment dans le port de la pochette en soie, qu’il plie quasiment toujours à l’américaine dans la poche dédiée à cet effet. Un choix sobre, hélas désacralisé aujourd’hui par des marques, que dis-je des enseignes marketing (The Kooples pour n’en citer qu’une), qui osent agrafer dans cette poche, un vulgaire bout de tissu. Une méthode désolante qui a trouvé un large écho, sur les plateaux de télévision particulièrement. Une abomination qui mériterait d’être observée ultérieurement.

Alors oui, on est bien loin de la sprezzatura transalpine, cette école fantastique basée sur la quête d’une élégance nonchalante, soigneusement négligée. Pour autant, cette apparence stricte entre en parfaite cohérence avec le personnage d’Hercule Poirot by David Suchet. On ne peut dès lors que l’admirer ainsi.

Hercule Poirot, modèle sartorialiste

L’Elégance par Hercule Poirot. © Rex Features

3 réflexions sur “Hercule Poirot, héraut de l’élégance sur petit écran

  1. Trop drôle cet article ! Je n’imaginais pas que tu connaissais aussi bien Hercule Poirot. Ne vas-tu pas un peu loin quand tu parles « d’intrigues haletantes » ?

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    • Poule trouve que cet article est fantastique. Julien, poule ne trouve pas que parler «d’intrigues haletantes» soit «aller trop loin». Poule s’est elle même laisser prendre a plusieurs reprises a ces intrigues 🙂

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