Le 1er mai 1994, Saint-Marin fut le théâtre de la course la plus sombre de l’histoire de la Formule 1. Un enchaînement de drames sans précédent s’y produisirent et ce, dès les qualifications. Un funeste week-end qui bouleversa complètement la discipline.
L’Autodromo Enzo e Dino Ferrari, plus connu sous la dénomination de circuit d’Imola, est devenu l’espace d’un rendez-vous incontournable du championnat du monde de Formule 1 à partir de 1981. Cette année-là, la petite commune de l’enclave saint-marinaise accueille le Grand Prix d’Italie en lieu et place de Monza dont les infrastructures sont en pleine réfection. Son tracé rapide qui met aussi bien les hommes que la mécanique à rude épreuve, offre au public un spectacle de haute volée. Jusqu’à cette tragique 14ème édition en 1994.
Atmosphère d’avant-course pesante
Ce week end du 1er mai s’annonçait pour le mieux. L’été commençait à se faire sentir dans les plaines de la cité incrustée entre l’Emilie-Romagne et la région des Marches.

L’envolé de la Jordan 194 de Rubens Barrichello lors des premiers essais du grand prix d’Imola en 1994. Le brésilien en sortira indemne.
Pourtant, dès la première séance d’essais du vendredi, l’ambiance s’assombrit. Le brésilien Rubens Barrichello s’envole avec sa Jordan dans les barrières de pneus de la Varianta Bassa à plus de 220 km/h. Si le vol plané est impressionnant, le jeune pilote s’en tire miraculeusement qu’avec de simples fractures au nez et à un bras. On pense alors avoir échappé au pire…
L’ultime séance de qualifications se tient 24 heures plus tard. Ayrton Senna y arrache sa 65ème pôle position devant son plus sérieux adversaire, Michael Schumacher. Mais la composition de la grille de départ n’est ici qu’accessoire. En effet, durant cette session, Roland Ratzenberger, qui se bat pour s’offrir une belle place pour le troisième grand prix de sa tardive carrière – il a alors 33 ans – voit lui aussi sa Simtek décoller du bitume pour venir s’encastrer dans le rail de protection de la Villeneuve Curva. Mais cette fois-ci, le choc se produit à près de 310 km/h. Le pilote autrichien meurt sur le coup. Il est par la suite révélé que cet accident s’est produit à cause de l’aileron avant de sa monoplace qui, s’étant disloqué lors d’un passage rapide sur un vibreur a rendu cette dernière particulièrement rétive.

Roland Ratzenberger à bord de sa Simtek-Ford S941. Le pilote autrichien n’aura même pas eu le temps de goûter à sa troisième course en Formule 1.
Les paddocks sont secoués par ces événements. Ayrton Senna encore davantage, lui qui était venu accueillir chez lui à Interlagos quelques semaines plus tôt, le pilote autrichien pour son baptême du feu en Formule 1. Lors du briefing d’avant-course, le brésilien émet même l’idée de recréer l’association des pilotes en vue d’améliorer la sécurité sur les circuits. Chose qui sera effectuée l’année suivante.
Dimanche noir à Imola
Malgré le douloureux épisode de la veille, le grand prix est maintenu par les organisateurs. Mais les pilotes sont perturbés et cela se fait sentir dès le départ de la course, donné à 14 heures le dimanche.
JJ Letho, coéquipier de Michael Schumacher, cale au moment où les feux passent au vert. Venu du fond de la grille, le portugais Pedro Lamy ne parvient pas à éviter la Lotus-Mugen 107C du malheureux finlandais. L’inévitable collision propulse alors en tout sens une quantité importante de débris. Et si aucun pilote n’est touché, il n’en est pas de même dans les gradins où neuf spectateurs sont légèrement blessés.
Après l’intervention de la voiture de sécurité et le nettoyage de la piste, les bolides repartent de plus belle. Mais le rythme à peine repris, voilà que c’est la Williams-Renault d’Ayrton Senna qui vient s’abîmer dans le décor de la courbe ultra-rapide de Tamburello. Un « tout-droit » du à une rupture de la colonne de direction de la monoplace alors lancée à plus de 300 km/h. Et même si le pauliste est parvenu à réduire la vitesse de sa flèche bleue à 200 km/h au moment de l’impact, un élément de sa suspension vient heurter son visage de plein fouet. Le pilote brésilien est instantanément fauché par la mort ; lui qui la craignait tant malgré l’acceptation des risques.
Et comme pour punir un peu plus les instances dirigeantes de la course d’avoir maintenu coûte que coûte la course, un dernier incident vient clore cette terrible épreuve. La Minardi de Michele Alboreto perd une de ses roues à la sortie d’un ravitaillement aux stands. Devenant folle celle-ci finit par renverser deux mécaniciens qui seront hospitalisés.
La fin d’une époque dorée
Dès l’année suivante, le circuit est modifié. On y incorpore des chicanes dans les courbes rapides, particulièrement celle de Tamburello dans laquelle se tua Ayrton Senna et qui en 1989, faillit également coûter la vie à Gerhard Berger. De par sa vétusté, le grand prix d’Imola est définitivement arrêté en 2006. Et malgré l’achèvement des travaux de modernisation en 2008, il n’est depuis plus jamais réapparu au calendrier du championnat du monde de Formule 1.
Cette date du 1er mai 1994 marque en tout cas la fin d’un fabuleux chapitre de l’histoire de la discipline reine du sport automobile. La Formule 1 alors haletante et dramatique paraîtra dès lors moins glorieuse, plus ennuyeuse. L’électronique se généralise. Les performances sont de plus en plus réglementées. Le risque devient moindre. Le spectacle aussi. Enfin, la rivalité mythique entre Alain Prost et Ayrton Senna n’est plus. Une nouvelle dualité, moins tapageuse mais tout aussi ardente pointe toutefois le bout de son nez. Elle oppose l’allemand Michael Schumacher au finlandais Mika Häkkinen, qui s’empoigneront jusqu’en 2000.



Je ne savais pas qu’il s’était passé autant d’évènements tragiques. Incroyable d’avoir maintenu le grand prix alors qu’un pilote se tue aux qualifications ! C’est vrai que la formule 1 est devenue moins palpitante mais heureusement que la sécurité des monoplaces s’est grandement améliorée.
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