La maison de La Chaux-de-Fonds n’est pas la plus célèbre. Pourtant, forte d’une image singulière et d’un savoir-faire incontestable, Corum est parvenue à trouver sa place sur la scène horlogère durant la seconde moitié du XXème siècle. Pas étonnant dès lors, que c’est en pleine forme qu’elle en vient à souffler ses soixante bougies en cette année 2015.
L’innovation, un maître mot chez Corum
C’est en 1955 que Gaston Ries et René Bannwart, son neveu, donnent une nouvelle dimension à l’atelier familial qui devient une véritable manufacture. Rapidement, Corum marque les esprits de par sa qualité de fabrication et son application à sortir des sentiers battus. Un souci d’originalité qui intervient tant au niveau esthétique, avec le cadran dodécagonal de l’Admiral’s Cup par exemple, que technique avec l’incroyable mouvement baguette de la Bridge.
Des traits de caractère que synthétise finalement bien le garde-temps réalisé à l’occasion de cet anniversaire. Et quoi de mieux pour cela que de signer une version inédite de l’Admiral’s Cup, modèle emblématique de la marque. Créée pour honorer la célèbre épreuve nautique éponyme qui se tient dans les environs de l’île de Wight depuis 1957, elle vient sceller le partenariat historique entre les deux entités, qui ont en commun d’avoir quasiment le même âge.
- Corum ne s’est pas limitée à l’Admiral’s Cup. Elle s’est également associée à la French Energy Team pour l’America’s Cup, ici à San Francisco en 2013.
- C’est sur l’île de Wight que fut fondé le Royal Yacht Squadron, le plus prestigieux club nautique d’outre-Manche, dirigé par la famille royale herself.
- Large boitier en or jaune qui prend la forme des massives calandres Rolls-Royce, le tout orné en son sommet du fameux Spirit of Ecstasy, pour un résultat on ne peut plus baroque.
En ce sens, on peut noter que Corum a encore été précurseur dans l’art de tisser des liens avec des acolytes de secteurs divers. Pour appuyer ce constat, on peut mentionner l’association de l’horloger suisse avec le mythique constructeur britannique Rolls-Royce en 1976, qui donna naissance à une montre particulièrement exubérante.
Le XXIème siècle, nouveau souffle et ouverture

En 2005, Séverin Wunderman a été décoré de la Légion d’honneur. Ce grand amateur d’art a en effet fait don de sa collection d’oeuvres du poète Jean Cocteau à la ville de Menton qui a inauguré un important musée dédié à l’artiste français en 2011. Le philanthrope n’aura pas eu le temps de voir ce projet sortir du sol.
En 2000, Severin Wunderman, qui a oeuvré dans la branche horlogère du spécialiste italien du luxe Gucci, arrive à la tête de Corum, épaulé par son fils Michael.
Hélas, le règne de l’américain s’interrompt en 2008, terrassé par un accident vasculaire cérébral. En huit ans à la tête de la maison suisse, il eut le temps d’insuffler sa créativité, comme l’atteste le fameux modèle Bubble dont il fut l’instigateur.
Aujourd’hui et depuis maintenant deux ans, Corum est tombée aux mains de la compagnie chinoise Citychamp Watch & Jewellery Group Limited. Une évolution qui a de quoi susciter l’inquiétude si l’on observe ce qu’il est advenu du côté d’Eterna ou d’Universal Genève. Ces noms légendaires de l’histoire horlogère suisse, qui se sont retrouvés dans le giron de grands groupes chinois, peinent aujourd’hui à recouvrer leur aura d’antan. Il faut dire que les investisseurs chinois, assoiffés par une augmentation exponentielle des volumes et la perspective d’une rentabilité importante à court terme, ne sont pas vraiment en phase avec les spécificités de l’univers de la haute horlogerie, fondé sur la cohérence et le respects des valeurs historiques.
Il semblerait toutefois que Corum tende à éviter ces écueils. En effet, la maison propose à ce jour, une gamme harmonieuse centrée autour des deux modèles phares que sont l’Admiral’s Cup et la Bridge, auxquels s’ajoutent des éditions vintage telles que la Romulus ou la Coin Watch, créées dans les années 60.
- Corum Titane Bridge
- Corum Coin Watch © Corum
- Corum Golden Bridge








