Rétromobile, enchères records et vente Baillon

Affiche Salon Rétromobile 2015 40ème édition

Pour sa 40ème édition, le salon Rétromobile, qui se tient au Parc des expositions de la Porte de Versailles chaque année, était particulièrement attendue. Deux grandes maisons spécialisées dans les ventes aux enchères s’y partageaient la vedette. L’américaine RM Auctions, liée à l’événement depuis plusieurs années et la française Artcurial, qui était chargée de disséminer l’incroyable collection Baillon découverte l’année dernière.

RM Auctions : cinq lots à sept chiffres, de la beauté et quelques malheureuses

Comme l’a si bien soulignée Max Girardo, directeur de RM Europe, cette nouvelle édition a une nouvelle fois tenu ses promesses. Cinq autos ont notamment franchi la barre symbolique du million d’euros.

C’est une Ferrari 250 GT Lusso de 1963 qui remporte la palme. Outre son prestige incomparable, le modèle présenté avait la particularité d’avoir vécu dans l’ombre des cercles ferraristes, accroissant le mystère qui pouvait l’entourer.

 

Vient ensuite une Porsche 904 Carrera GTS de 1964. Ce modèle mythique, très bien restauré, avait pour avantage d’être doté d’un passé sportif important.

En troisième position, on trouve une habituée des ventes aux enchères de prestige : une Mercedes-Benz 300 SL roadster de 1963. D’une authenticité remarquable selon les experts, elle a notamment appartenu au luxembourgeois Jean-Claude Biver, figure charismatique du monde horloger, ayant œuvré chez Hublot et Blancpain notamment.

 

Une autre italienne des sixties fait son entrée dans cette caste d’autos exclusives. Il s’agit d’une Iso Grifo A3/C Stradale. Modèle de niche fabriqué par l’ancien ingénieur Ferrari Giotto Bizzarrini, qui a notamment contribué à l’élaboration de la fameuse 250 GTO. Performante et présentant une allure unique accentuée par sa sensationnelle carrosserie green apple, cette GT exclusive connaît de plus en plus de succès au fil des ventes.

Enfin, la dernière figurante à avoir dépasser le million d’euros est d’une toute autre génération. Souvent considérée comme « la meilleure Ferrari de tous les temps », la Ferrari F40 a vu un de ses exemplaires de 1990 atteindre cette cote faramineuse. Archétype de la supercar extrême, elle présente en plus d’un faible kilométrage, un entretien irréprochable.

 

En ce sens, cette vente a permis de constater la progression ostensible de la cote de certains modèles arborant le cheval cabré tout particulièrement. Outre la F40, des modèles tels que les 365 GTB/4 Daytona, 365 GTC/4, 512 BBi, Dino 246 GT, on doublé voir triplé de valeur en moins de dix ans. Les Lancia ne sont pas en restes. Les sportives Stratos et autres 037 Stradale frôlent les 400 000 euros, tout comme les élégantes Flaminia et Aurelia. Puis, comme toute bonne légende qui se respecte, les Porsche 911, en version Speedster ou Carrera RS, figurent en bonne place dans le classement, même si certaines variantes d’usine ont peiné à se trouver de nouveaux propriétaires.

 

Malgré un pourcentage de vente toujours aussi avantageux – flirtant avec les 90% – tous ces joyaux n’ont en effet pas trouvé preneur. On pense particulièrement au lot 160, une légendaire Delahaye 135 S qui termina deuxième aux 24 heures du Mans de 1937 et 1938. Ou encore à cette Alfa Romeo 6C 2500 Sport Berlinetta de 1939, carrossée par Touring et qui appartint à Claretta Petacci, maîtresse de Benito Mussolini.

 

Plus surprenant encore, alors que les Lancia connaissent une explosion de leur cote comme souligné précédemment, deux somptueuses Aurelia, une Spider America et une version Convertible dessinée par Pininfarina, sont restées sur le carreau. Enfin, parmi ces laissées-pour-compte, on peut mentionner une Jaguar XK120 Alloy roadster dans une très belle livrée rouge agrémentée d’audacieux carénages aux roues arrière.

RM Auctions : les dix meilleures ventes

  1. Ferrari 250 GT Lusso (1963) – 1,624 millions €
  2. Porsche 904 Carrera GTS (1964) – 1,428 millions €
  3. Mercedes-Benz 300 SL Roadster (1963) – 1,232 millions €
  4. Ferrari F40 (1990) – 1,176 millions €
  5. Iso Grifo A3/C Stradale (1965) – 1,036 millions €
  6. Aston Martin DB5 (1964) – 840 000 €
  7. Ferrari 365 GTB/4 Daytona Berlinetta (1969) – 705 600 €
  8. Bentley 4.25-Litre Sports Coupe “Honeymoon Express” (1939) – 672 000 €
  9. Ferrari 250 GT Coupe Pininfarina (1958) – 580 000 €
  10. Maserati Ghibli 4.7 Spyder (1970) – 550 000 €

Artcurial et la fameuse collection Baillon

Ce fut l’histoire qui secoua l’univers de l’automobile en 2014 . Roger Baillon, à la tête d’une société de transport de la région niortaise, se constitue au fil des décennies un garage fort bien garni. Hispano-Suiza, Facel Vega, Delahaye, Delage, Ferrari, Talbot, Bugatti, tous les grands noms sont réunis. Son but ? Edifier à terme un musée mettant à l’honneur ces prestigieux constructeurs. Hélas, le projet ne verra jamais le jour et ces pièces exceptionnelles se retrouvent livrées à « Dame Nature » qui leur inflige son lourd travail d’érosion.

 

Redécouvertes l’année passée, alors que le propriétaire est décédé depuis une bonne dizaine d’années, les experts prennent la mesure de ce qui s’offre sous leurs yeux ébahis. Saoutchik, Faget & Varnet, Chapron, Frua, le travail de grands carrossiers du XXème siècle est réuni à travers ces amas de tôle.

C’est la célèbre maison Artcurial qui se voit chargée d’organiser la vente qui offrira une nouvelle vie à ces âmes délaissées. Et quel meilleur cadre pour cela que le salon Rétromobile.

Panhard & Levassor Dynamic Junior X76 racheté par l'Etat pour le musée automobile de Compiègne

Cette Panhard & Levassor Dynamic X76 Coupe Junior a fait l’objet d’une préemption du Musée de l’automobile de Compiègne qui l’a acquise pour 56 000 euros. © Artcurial

L’engouement suscité a été tel que chacun des 59 lots a trouvé preneur, surpassant allègrement toutes les estimations. Le montant total de la vente a ainsi dépassé les 25 millions d’euros, hors frais !

Si une banale Lancia Thema 8.32 a pu être échangée contre 8 300 euros, les Talbot-Lago T26 Record Saoutchik, au nombre de deux, sont parties à 417 000 et 745 000 euros et la variante Grand Sport s’est même envolée à 1,7 millions d’euros, malgré un état de décrépitude très prononcé.

 

Mais le clou du spectacle est intervenu avec deux italiennes, mieux conservées que les autres « sorties de grange » présentées jusqu’à présent. La première, une Maserati A6G 2000 Gran Sport Berlinetta Frua, adjugée 2 millions d’euros. La seconde, une Ferrari 250 GT SWB Spider California, l’une des plus recherchées de nos jours, qui a notamment appartenu à Alain Delon avant son arrivée dans les Deux-Sèvres. Son prix de ventes a atteint des sommets : plus de 16 millions d’euros avec les frais !

Une nouvelle preuve, s’il en est, que « ces belles carrosseries sont consacrées comme des œuvres d’art à part entière » comme l’a si bien confié le co-directeur d’Artcurial, maître Hervé Poulain.

 

Artcurial, vente Baillon : les dix meilleures ventes

  1. Ferrari 250 GT SWB California Spider (lot 59) – 16,3 millions € (9,5 à 12 millions €)
  2. Maserati A6G 2000 Gran Sport Berlinetta Frua (lot 58) – 2,01 millions € (800 000 à 1,2 millions €)
  3. Talbot-Lago T26 Grand Sport (lot 46) – 1,7 millions € (400 à 600 000 €)
  4. Talbot-Lago T26 record Saoutchick (lot 43) – 745 000 € (120 à 150 000 €)
  5. Hispano-Suiza H6B (lot 17) – 572 000 € (200 à 300 000 €)
  6. Delahaye 135 M Faget-Varnet (lot 11) – 429 100 € (100 à 150 000 €)
  7. Talbot-Lago T26 record Saoutchick (lot 47) – 417 200 € (250 à 350 000 €)
  8. Bugatti T57 Ventoux (lot 40) – 298 000 € (120 à 160 000 €)
  9. Facel-Vega Excellence (lot 15) – 143 000 € (60 à 80 000 €)
  10. Lorraine-Dietrich B3-6 plateau (lot 44) – 131 000 € (25 à 35 000 €)

* Estimations en italique

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