Quand l’Euro était à l’Est

Trophée Henri Delaunay revenant au vainqueur du championnat d'Europe des nations

En voyant le jour en 1960, soit trente ans après la Coupe du Monde, le Championnat d’Europe des Nations semblait faire office de progéniture naturelle du mondial. L’idée de rassembler les meilleures sélections du Vieux Continent dans une même compétition a pourtant émergé durant l’Entre-deux-guerres, impulsée par l’un des pionniers du football en France, Henri Delaunay ; qui donna d’ailleurs son nom au trophée d’une compétition qu’il n’aura en définitive pas connue, trépassant en 1955.

Malgré son jeune âge à l’échelle de l’histoire footballistique, celle qui était appelée « la Coupe d’Europe des nations » jusqu’en 1968, a eu le temps de connaître deux phases, un basculement s’opérant il y a précisément quarante ans.

1976, la fin d’une formule expéditive

À ses débuts, la Coupe d’Europe des nations s’apparentait davantage à des playoffs. Les 32 équipes membres de l’UEFA s’affrontaient en qualification au travers de huit groupes, après quoi les leaders de ces derniers s’opposaient, permettant de faire ressortir quatre sélections qui se voyaient offrir le privilège d’accéder à la phase finale organisée dans un unique pays hôte. C’était au terme de cette longue épopée étalée le plus souvent sur une à deux années, que la compétition s’engageait, pour seulement quatre confrontations (deux demi-finales, le match pour la troisième place et la finale).

Un caractère éphémère quelque peu circonscrit au lendemain de l’édition 1976. En effet, pour l’Euro 1980, deux groupes préliminaires font leur apparition, réunissant quatre équipes en leur sein. Pour atteindre la finale de la compétition, il suffit alors de pointer à la première place du groupe à la suite d’un enchaînement de trois matchs par équipe. Un modèle toujours assez bref qui sera maintenu jusqu’en 1996. Entre temps, l’éclatement de l’ex-URSS a notamment incité l’UEFA à doubler le nombre de participants à la compétition. Vingt ans plus tard, ce sont désormais 24 équipes qui sont rassemblées en cet Euro 2016. L’élargissement de l’Europe politique n’a pas été sans incidence sur la compétition.

Début du déclin des PECO 

Au-delà de ces tribulations organisationnelles, cette année 1976 marque avant tout la fin d’une ère, celle de l’omniprésence des sélections d’Europe de l’Est dans la joute finale. L’Union Soviétique portée par son immense gardien Lev Yachine, en devenant le premier champion de l’histoire de la compétition en 1960, avait en effet annoncé cette déferlante « rouge » qui allait durer seize années, jusqu’au sacre des tchécoslovaques à Belgrade. Une dernière démonstration de force symbolisée par le fameux tir lobé d’Antonin Panenka qui offrit le titre à son équipe à l’issue de la séance des tirs au but de cette finale disputée face à l’Allemagne de l’Ouest de Franz Beckenbauer, tenante du titre qui plus est. Une forme de libération pour cette république socialiste en quête d’ouverture.

Si les pays d’Europe de l’Ouest sont parvenus à reprendre l’ascendant dans les années 80, l’éclatement de l’ex-URSS à partir de 1992 ainsi que la désagrégation de la Yougoslavie, jusqu’à sa disparition en 2006, ont fini d’achever toute possibilité d’un reversement de situation. Les forces et les talents de ces régions orientales de l’Europe sont dorénavant dispersés entre une multitudes d’entités, comme l’attestent les intronisations du Monténégro et du Kosovo au sein de l’UEFA, respectivement en 2007 et 2012.

Le géant Jan Koller, l'éphémère nantais Marek Heinz, le ballon d'or Pavel Nedvěd et Milan Baroš, vainqueur de la Ligue des Champions 2005 avec Liverpool

Le géant Jan Koller, l’éphémère nantais Marek Heinz, le Ballon d’or Pavel Nedvěd et Milan Baroš, vainqueur de la Ligue des Champions avec Liverpool en 2005, ont réalisé un superbe parcours lors de l’édition de l’Euro disputée un an plus tôt au Portugal.

Et malgré les légers retours de flamme du football est-européen proposés par la République Tchèque, intouchable en 2004 jusqu’à son surprenant effondrement face à l’insidieuse sélection grecque d’Otto Rehhagel ou encore la Russie en 2008, on imagine péniblement quelle nation de cette partie du continent pourrait générer un tel sursaut d’orgueil cet été en France. Ce n’est pourtant par leur présence qui fait défaut ; de la Croatie à la Roumanie, en passant par la Slovaquie et l’Albanie ou encore l’Autriche et la Hongrie, le retour de ces dernières dans l’élite européenne suscitant par ailleurs sympathie et nostalgie de par leur glorieux passé.

Réjouissons-nous toutefois en misant sur l’éclosion de nouvelles pépites dont ces importants viviers footballistiques ont le secret, comme l’attestent ces quelques cas ci-après.

 

Laisser un commentaire