
Braga, le 8 octobre 2015 : Le Portugal se qualifie pour l’Euro 2016 au dépend du Danemark, n’imaginant probablement pas à ce moment-là sa destinée. © AP Photo / Paulo Duarte
Éderzito António Macedo Lopes dit « Éder ». Voilà le nom du bourreau d’une équipe de France toute proche de confirmer que le statut de pays organisateur lui sied particulièrement bien. Entre faiblesse statistique – quatre buts en presque trente sélections – et négation technique – hormis ce coup de patte survenu à la 109ème minute -, le natif de Bissau cristallisait les lacunes de cette génération portugaise indigne du legs footballistique laissé par ses aînés, Figo, Deco, Pauleta et consorts, une décennie auparavant. Inoffensif la plupart du temps, le onze lusitanien a fait œuvre d’une solidité « bétonesque » pour faire déjouer une sélection française pourtant empreinte d’une réjouissante énergie collective.
Il est dès lors étonnant que face à un dessin théorique si édifiant, les ouailles de Didier Deschamps ne soient arrivées à leur fin. Il demeure cependant dans le même temps difficile de leur opposer un quelconque réquisitoire. Et si la victoire face à l’Allemagne en demi-finale avait en fin de compte constitué inconsciemment une sorte d’apothéose pour les Bleus ? Ceci ne reste qu’élucubration et il paraît plus opportun de regarder du côté de la sélection portugaise pour envisager un peu mieux ce « coup de Trafalgar » venue d’une équipe que d’aucuns n’attendaient à cette place cet été.
- Cristiano Ronaldo, leader en tout point de la Seleção, a su fédérer et transcender ses coéquipiers pour assouvir son intarrissable soif de trophées. Avec un Euro et une Ligue des Champions dans la besace, le prochain Ballon d’Or ne devrait pas lui échapper. © AFP / Franck Fife
- Souvent décrié – à raison – pour son manque d’efficacité, Éder a finalement endossé le surprenant costume de sauveur de la sélection portugaise. © LP
- Le territoire hexagonal réussit particulièrement au numéro 9 portugais. Après des débuts calamiteux avec Swansea, ce dernier a en effet relancé sa saison avec le LOSC, pour qui il a inscrit six buts, dont un contre le FC Nantes, célébré ici avec Rony Lopes et Mounir Obbadi.
Le parcours de la Seleção n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de la sélection grecque vainqueur de l’édition 2004 contre… le Portugal. Une analogie qui prend corps dès lors que l’on s’intéresse au tacticien de cette équipe portugaise, le sélectionneur Fernando Santos. Ce dernier, au cours de sa carrière d’entraîneur, occupa en effet à de nombreuses reprises les bancs de plusieurs clubs hellènes, du PAOK Salonique à l’AEK Athènes en passant par le Panathinaikos. En 2010, c’est même la direction du Bâteau pirate – surnom donné à la sélection nationale – qui lui est proposée, succédant à l’intransigeant Otto Rehhagel qui amena la Grèce sur le toit de l’Europe six ans plus tôt. Jusqu’à l’élimination des grecs contre une séduisante équipe du Costa Rica en huitième de finale de la Coupe du Monde 2014, l’entraîneur portugais aura montré sa promptitude à perpétuer l’héritage imposé par son prédécesseur ; entre solidité et opportunisme. Tout ce qu’a finalement montré le Portugal durant cet Euro 2016.
Bousculée au premier tour par de valeureux islandais et hongrois, la sélection lusitanienne a vu son salut venir grâce au repêchage prévu pour les quatre meilleurs troisièmes des poules. On est alors loin d’imaginer que le trophée Henri Delaunay atterrira du côté de Lisbonne… Mais toutes les planètes portugaises étaient alignées ; les « stars » ont su répondre présents. Cristiano Ronaldo a insufflé auprès de ses partenaires sa rage de vaincre légendaire, tout comme Pepe s’est montré intraitable et rassurant pour ses pairs. Quant à Quaresma et Nani, ils ont été décisifs alternativement. Enfin, le portier Rui Patrício, de réputation pourtant moins flatteuse que ses mentors Vítor Baía ou Ricardo, a indéniablement contribué au succès de son équipe, se muant notamment en mur inébranlable face aux attaques françaises. Ses sept arrêts constituent d’ailleurs le total le plus élevé jamais enregistré lors d’une finale de Coupe d’Europe.
Pour clôturer cette nouvelle page de l’histoire du football européen, si du côté français, le sentiment d’avoir buté sur un obstacle largement surmontable risque de perdurer quelques temps encore, on est en droit de penser d’un point de vue plus général, que c’est finalement le football qui s’est desservi en consacrant un assez terne champion.

Heureusement pour la France, Antoine Griezmann s’est montré plus inspiré balle au pied qu’au moment de célébrer ses buts ! Avec six réalisations, il devient le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la compétition au cours d’une seule édition derrière Michel Platini, auteur de neuf buts lors du sacre français de 1984.


