1917, la Coupe de France réunit le football français

Trophée Charles Simon, Coupe de France

C’est la « Coupe aux grandes oreilles » nationale, et elle fête ses 100 ans cette année. Une existence remarquable marquée du sceau des grandes équipes de l’Hexagone. Mais pas seulement. Quelques formidables « petits poucets » sont sporadiquement venus secouer l’ordre trop facilement établi.

Un rassemblement dominé par les grands

Alors que le professionnalisme n’a pas encore franchi la Manche et reste l’apanage des britanniques, le football français décide de s’organiser en cette année 1917. Le Comité Français Interfédéral, qui annonce la création de la Fédération Française de Football (FFF) deux ans plus tard, entend réunir l’ensemble des acteurs nationaux dans une même compétition : la Coupe de France. Une création derrière laquelle nous retrouvons Charles Simon et un certain Henri Delaunay, personnage déjà évoqué dans ces pages pour son rôle prépondérant dans l’édification de la Coupe d’Europe des Nations.

À cette époque, seuls 48 clubs se trouvent conviés à la fête. Ce qui peut paraître dérisoire par rapport aux 7 000 clubs désormais appelés. Un nombre conséquent qui laisse présager la complexité de l’organisation de la compétition ; 13 tours précèdent ainsi l’accès à la finale.

En 1918, un an après la création officielle de la compétition, c’est l’Olympique qui a l’honneur d’inscrire son nom en premier au palmarès de la Coupe, en s’imposant face au FC Lyon. Cette équipe francilienne basée à Pantin, fusionnera en 1926 avec le fameux Red Star, qui ne manqua pas de se faire remarquer dans la compétition par la suite.

 

Au fil des années, quelques clubs se détachent, faisant de la Coupe de France, une véritable spécialité. L’Olympique de Marseille, le Red Star ou encore le RC Paris s’adjugent respectivement 6, 5 et 4 éditions jusqu’en 1945. Mais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, seule l’équipe phocéenne parvient à garnir un palmarès qui compte aujourd’hui dix victoires en Coupe de France. Un record partagé avec le PSG qui, malgré son jeune âge, a égalé la performance marseillaise l’année dernière grâce à une large victoire 4 buts à 2 infligée à… Marseille justement.

 

Car on a bien affaire ici aux deux grands experts de la compétition. Néanmoins, le rapport de force entre les deux clubs a évolué ces derniers temps. La réussite semble en effet fuir l’Olympique de Marseille qui a échoué pas moins de quatre fois en finale depuis sa dernière victoire en 1989.

Cette même année, on décide d’abandonner la formule « aller-retour » qui tendait à alourdir un calendrier déjà concentré pour les joueurs. Le tirage au sort présente dès lors un enjeu supplémentaire en déterminant l’ordre d’accueil de la confrontation. On sait d’expérience combien jouer à domicile peut représenter un avantage, notamment pour les petites équipes.

Ces dernières, parfois affectueusement surnommés « cendrillons » ou « petits poucets » n’ont d’ailleurs jamais manqué de venir bousculer les grands, souvent trop suffisants, parfois dépassés par la fougue décuplée de ces joueurs amateurs. Une odyssée digne de David contre Goliath qui explique le succès populaire de la compétition.

 

Calais RUFC, US Quevilly : quand les amateurs jouent les trouble-fêtes

Le CRUFC et l’US Quevilly sont d’intéressants témoins de ce que l’on a tendance à appeler benoîtement la « magie de la Coupe de France ». Ces clubs amateurs ont en effet eu la particularité d’avoir répété des exploits ponctuels tout au long de l’histoire de la compétition.

Du côté de Calais, l’équipe s’est rapidement distingué dès les années 20 avec un quart et un huitième de finale en 1921 et 1922. Après quoi l’équipe nordiste est devenue une habituée des seizièmes de finale le restant de la décennie. Mais le passage éphémère du club dans la sphère professionnelle au cours des années 30 ne lui a pas permis de s’affirmer sur la durée. Ce fut donc dans une effervescence toute particulière que l’ex-RC Calais, devenu CRUFC, s’est invité au Stade de France en finale de l’édition 2000, après s’être notamment débarrassé de Lille, Cannes, Strasbourg et Bordeaux. Opposés au FC Nantes, les nordistes ont longtemps tenu tête au futur champion de France jusqu’à ce que l’arbitre, Claude Colombo, accorde un penalty très généreux aux canaris dans les arrêts de jeu. Une décision qui vient briser le rêve des valeureux calaisiens, qui ont toutefois été célébrés tels des champions au moment de leur passage à la tribune d’honneur.

À la suite de cette épopée, le club monte en troisième division (National) mais ne s’y maintient guère. La réalité d’une compétition à élimination directe reste bien éloignée de la constance requise à l’occasion d’un championnat se disputant sur 38 journées.

le CRUFC s’est néanmoins offert un léger retour de flamme en accédant aux quarts de finale de la Coupe de France 2006, échouant une nouvelle fois face à sa bête noire nantaise.

 

L’histoire de l’US Quevilly avec la Coupe de France présente de son côté d’étonnantes similitudes avec le cas calaisien. Grand nom du football amateur, le club de la banlieue rouennaise s’est offert une première finale dès 1927. Mais il ne résiste pas à cette occasion à l’OM des intraitables Durand et Dewaquez.

En 1968, l’USQ rejoint les demi-finales, cédant à ce stade face aux Girondins de Bordeaux. Néanmoins, fort de ce parcours et bénéficiant d’une restructuration des championnats, l’équipe normande accède à la version open de la D2 en 1970. Y alternant les bonnes performances aux plus moyennes, les sangs et or déposent finalement le bilan en 1978.

Le retour au premier plan de l’équipe normande en 2010 avec une nouvelle demi-finale, a donc permis à toute la région de se remémorer les belles années du club. Un coup qui sera même confirmé deux ans plus tard avec une place en finale. Mais le club de National ne parvient pas à aller au bout de son exploit, s’inclinant face à l’ogre lyonnais. Un parcours qui fait néanmoins de l’US Quevilly, un nom redouté lors des tirages de Coupe de France.

Parallèlement, si ces parcours occasionnent une ferveur certaines autour de ces équipes, ils n’induisent en aucun cas une progression sportive notable. Ce qui traduirait une sorte d’exception « Coupe de France », qui expliquerait sa spécificité.

Timbre célébrant les 60 ans de la Coupe de France en 1977

Timbre célébrant les 60 ans de la Coupe de France en 1977

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