La Bulgarie, le caillou dans la chaussure tricolore

Emil Kostadinov

Emil Kostadinov, un nom qui fait encore frémir dans l’Hexagone

Annoncé comme un match couperet en vue de la qualification pour le mondial russe prévu l’été prochain, la confrontation entre la France et la Bulgarie au Stade National Vassil-Levski de Sofia ce soir, se pare d’un sentiment d’angoisse quelque peu exagéré,  qui s’explique néanmoins par le souvenir tenace du désastre de 1993.

L’opposition aux Lions des rives de la Mer Noire n’a jamais été une sinécure pour les français, qui rêvent encore de pouvoir enchaîner deux victoires sur une double-confrontation en éliminatoires. Le match de ce soir pourrait bien être ce moment tant souhaité. Cette rivalité inattendue, en apparence déséquilibrée, est pourtant confirmée par les chiffres : sur 21 rencontres, outre 4 résultats nuls, la France n’a récolté que 9 victoires, en concédant ainsi 8 à son adversaire bien éloignée de la catégorie des cadors européens.

Les hostilités ont commencé dès 1961. Cette année-là, c’est à l’occasion d’un match de barrage à San Siro que les bulgares arrachent le dernier billet offert pour le mondial chilien de 1962, en devançant la France grâce à un but contre son camp du malheureux André Lerond. Une élimination déjà douloureuse pour des Bleus qui restaient sur une Coupe du Monde étincelante en Suède quatre ans auparavant.

La revanche ne s’est pas faite attendre et est intervenue lors des huitièmes de finale des éliminatoires de l’Euro 1964. Les Bleus ne dépasseront toutefois pas le stade suivant, cédant leur qualification à une sélection magyar toujours compétitive.

En 1971, le football français n’est pas au mieux sur la scène internationale. Ce qu’attestent les éliminatoires du prochain Euro belge, qui voient les français se faire une nouvelle fois distancer dans leur poule par la Bulgarie et la Hongrie. Et ce, malgré une neutralisation sur la double confrontation avec les bulgares : 2-1 de chaque côté.

En octobre 1976, les retrouvailles tournent cette fois à l’avantage des français au terme d’un scénario resté dans les mémoires. L’acmé de ce dernier reste indubitablement ce pénalty fictif, dont l’injustice – mise en avant avec véhémence par Thierry Roland dans l’extrait ci-dessus – a finalement été réparée par les « dieux du foot » ; le tir au but finissant hors de la cage de Dominique Baratelli. Les français pourront s’envoler pour le mondial argentin deux ans plus tard. Une expérience qui s’arrêtera à la phase de poules, l’opposition à l’Italie et au futur vainqueur albiceleste étant trop relevée.

Forte de sa victoire à l’Euro 84, l’équipe de France et sa génération dorée se présente aux éliminatoires de la Coupe du Monde 1986 dans la peau d’un prétendant au titre. L’épouvantail bulgare, s’il est en définitive outre-passé, demeurera le plus sérieux adversaire des bleus. Au Mexique, la prometteuse équipe de de Michel Hidalgo fera un enthousiasmant troisième.

Reste la mésaventure du 17 novembre 1993. Ce soir là, la France et la Bulgarie se tiennent à 1-1 jusque dans les arrêts de jeu. Le Parc des Princes retient alors son souffle, jusqu’à ce que son idole du moment, David Ginola, permette sur un centré trop allongé aux bulgares de remonter la balle, profitant au passage de la fébrilité de la défense française. C’est finalement Kostadinov qui crucifie Bernard Lama sous les regards impuissants de Laurent Blanc et Alain Roche. La Bulgarie prive une nouvelle fois la France d’une grande compétition internationale.

 

Aujourd’hui, la sélection bulgare n’a plus rien à voir avec celle qui joua les trouble-fêtes aux Etats-Unis en 1994. Les Bleus, quand bien même ils se compliqueraient la tâche en passant à côté de leur match ce soir, pourront de surcroît profiter d’un dernier match en milieu de semaine prochaine pour assurer leur qualification face à la modeste Biélorussie. L’histoire n’a dès lors en aucun cas le droit de se répéter.

Kevin Gameiro et Antoine Griezmann lors de France - Bulgarie en 2016

À l’occasion du match aller l’année dernière, Kevin Gameiro et Antoine Griezmann, le binôme français de l’Atlético Madrid, a littéralement crucifié la Bulgarie

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