Enchères parisiennes 2018, vers la fin de l’euphorie ?

Habituée des GP de Formule 1 au début des années 50, cette Gordini Type 16 F1, qui a accueilli dans son baquet quelques-uns des plus grands noms de l’époque – Trintignant, Frère, Shell, Behra notamment – n’a pas trouvé preneur malgré ce passé exceptionnel, à l’occasion de la vente Artcurial organisée dans le cadre du salon Rétromobile. © F&G

Les voitures d’exception s’échangeraient-elles plus difficilement ? C’est en tout cas l’enseignement qui paraît ressortir de ce week-end d’enchères parisiennes devenu traditionnel.

Quelques-uns des lots les plus désirables proposés par chacune des grandes maisons de ventes réunies en ce début du mois de février dans la capitale hexagonale, sont en effet restés sur le carreau. L’embellie des dernières années commencerait à s’estomper.

Les autos visées ici se retrouvent autour d’une caractéristique principale : leur teneur symbolique exceptionnelle, liée à un passé sportif conséquent d’une part ou à leur histoire spécifique d’autre part.

Pour illustrer le premier cas, on a pu voir chez Bonhams au Grand Palais, l’Aurora Rafale V (estimation : 600 000 – 800 000 €), hydroplane aux multiples records de vitesse, ainsi qu’une mythique Lancia Delta S4 Gr. B (580 000 – 780 000 €), être complètement boudées par les amateurs.
Chez RM Sotheby’s aux Invalides, c’est la formidable Ferrari 166 MM Spider (3 700 000 – 4 500 000 €), classée aux Mille Miglia 1953 & 1954, et qui fit une apparition dans le film Le Cercle Infernal (1955) avec Kirk Douglas à son volant, qui est retournée à son appartenance initiale.
Chez Artcurial, ce sont naturellement la Gordini Type 16 F1 évoquée précédemment (900 000 – 1 400 000 €) et une Maserati A6G/2000 Berlinetta (2 500 000 – 2 700 000 €) qui participa aux Mille Miglia 1956, sans oublier la Porsche 962 C (1 300 000 – 1 600 000 euros) qui acheva les 24 Heures du Mans 1985 à la dixième place, qui viennent à l’esprit.

Entrant dans l’autre frange de ces véhicules à forte aura, une Porsche 911 Carrera RS Touring Coupé (650 000 – 850 000 euros) ayant appartenu à Sadruddin Aga Khan et une Lamborghini Miura P400 S (1 200 000 – 1 400 000 euros) ancienne pensionnaire de la fameuse collection Schlumph sont passées à l’as chez Bonhams.
Une attrayante Ferrari 275 GTB Alloy Long Nose (2 400 000 – 2 800 000 euros) et l’Iso Grifo A3/C (2 500 000 – 3 000 000 euros) détenue par Johnny Hallyday dans les années 60, ont connu le même sort chez RM Sotheby’s.
Du côté d’Artcurial, en plus de la série des Citroën DS Cabriolet – dont deux Palm Beach – carrossée par Chapron (de 300 000 à 600 000 euros), qui servirent lors de parades présidentielles de Charles de Gaulle ou Georges Pompidou, ce sont une Bugatti Type 57 Cabriolet carrossée par Vanvooren (650 000 – 950 000 euros) exposée au Salon de Paris 1938, une Alfa Romeo 6C 2500 Cabriolet Speziale (1 000 000 – 1 300 000 euros) passée entre les mains de Raymond Loewy et d’Holden Koto et une Ferrari 250 GT Cabriolet Serie I ornée d’une incroyable sellerie turquoise (7 000 000 – 9 000 000 euros) qui n’ont pas été adjugées. Cette dernière était pourtant devenue la vedette de la vente suite à la défection de la Ferrari 275P de la collection Bardinon, qui combinait justement l’ensemble de ces critères ; palmarès et appartenance de haut vol.

Derrière ces quelques échecs, certes notables, se cachent néanmoins de très belles ventes de part et d’autre, dont voici les résultats, maison par maison.