12 juillet 1998 – L’exaltation de la victoire à peine retombée, les Bleus doivent se projeter dans une nouvelle opposition. Celle-ci doit leur permettre de caresser leur rêve le plus fou, celui de soulever le fameux trophée doré. Le dernier adversaire est toutefois de taille : la pléiade de stars brésiliennes dirigée par l’immense Mário Zagallo.
S’attarder sur la partition offensive des français serait assez éculé. À la différence du tour précédent, ces derniers rentrent particulièrement bien dans cette finale, prenant rapidement l’ascendant sur la Seleção. À la mi-temps, ils rentrent même aux vestiaires avec deux buts d’avance ; deux coups de tête – dans le ballon – de Zidane sur corner. Un dernier tir croisé d’Emmanuel Petit en toute fin de match viendra parachever cette apothéose.
Rien n’a semblé pouvoir déstabiliser ce groupe désormais gorgé de confiance, assoiffé de succès. En point d’orgue de cette maîtrise finale, on retrouve un joueur, singulier, qui s’est offert le luxe de scintiller sur les quelques approches brésiliennes : Fabien Barthez.
Le gardien français est à 27 ans sans nul doute le meilleur à son poste. Avec seulement deux buts encaissés, il l’a rappelé tout au long du Mondial – bien assisté il faut le dire par la ligne de quatre placée devant lui. Il le martèle un peu plus encore à l’occasion de cette finale, dans son style spectaculaire caractéristique, paré d’une nonchalance inimitable. L’enjeu est vertigineux ? Qu’importe, le football rime avant tout avec plaisir pour l’ariégeois. Son sourire irradie sur le terrain et cette décontraction venue des cages se répand indubitablement sur le reste de l’équipe.
Si son talent éclate sur sa ligne, sa force se manifeste aussi dans les duels. Il écoeure littéralement les brésiliens, le génial Ronaldo en tête. Et les rares fois où il semble dépassé, le voilà sauvé par sa barre transversale, comme sur cet enchaînement du fantasque Denílson. Avec un tel rempart, rien ne pouvait empêcher cette génération 98 d’atteindre le graal.
Avoir la meilleure attaque n’est pas un gage de victoire finale en Coupe du Monde. Le meilleur gardien, si.

C’est l’une des images fortes de cette finale. Barthez prend ici le dessus sur Ronaldo ; tout un symbole. Ce soir-là, le brésilien n’aurait pourtant jamais dû être sur le terrain. Pris de malaises les jours précédents, il y a été poussé par la pression populaire et commerciale entourant le joueur, du peuple brésilien à son avide équipementier notamment. Hagard, ce n’est que son ombre qui se déplace sur la pelouse de Saint-Denis. A posteriori le risque prit s’avéra bien plus grand encore, puisqu’en lieu et place de la crise d’épilepsie annoncé, l’attaquant Auriverde a en fait connu de bien plus graves problèmes cardiaques.