Un esprit tourmenté à la carrière flamboyante
Iconique et séduisant, Steve McQueen est largement plébiscité de nos jours pour son incarnation de l’American Way Of Life des années 60. Mais derrière cet acteur incontournable du cinéma américain se cache une personnalité complexe, solitaire et caractériel, épris de femmes comme de vitesse. C’est finalement auprès de ses bolides qu’il a trouvé l’épanouissement, avant que la mort ne l’emporte à tout juste 50 ans.
Un décollage graduel pour un enfant difficile
Le jeune Terence Steven MacQueen a vu le jour au printemps de l’année 1930 dans la petite bourgade de Beech Grove, dans l’Indiana. Alors qu’il n’a jamais connu son voltigeur de père, sa jeune mère l’abandonne à la naissance, le confiant à un oncle fermier dans le Missouri. Douze années plus tard, cette dernière réapparaît et récupère son bambin qu’elle trimbale jusqu’à Los Angeles. C’est le début d’une relation distendue qui ne cessera pour autant jamais jusqu’à la mort de celle-ci. Dans la Cité des Anges, le jeune garçon qui a rapidement quitté l’école, cumule les mauvaises fréquentations. Adolescent, il s’engage toutefois dans la marine marchande, avant d’enchaîner les petits boulots, jusqu’à son incorporation chez les Marines.
- Steve McQueen avec sa première femme Neile Adams
- Dans la peau de Josh Randall dans la série Au nom de la loi
- Steve McQueen & Neile Adams
Au début des années 50, il s’installe à New York dans l’espoir de devenir acteur. Il y rencontre sa première femme, Neile Adams, avec qui il se marie en 1956. Cette dernière ayant déniché un emploi de danseuse dans un hôtel-casino de Las Vegas, ils s’envolent pour le Nevada. Mais Steve peine à percer de son côté. Alors que sa compagne touche un salaire de 50 000 dollars, lui n’en empoche que 4 000 cette année-là. Une situation difficile à vivre pour cet ambitieux.
Il enchaîne les maigres rôles jusqu’à la fin des années 50 où on lui propose d’interpréter Josh Randall, le héros de la série Au nom de la loi. Si les critiques demeurent assez ternes, sa position devient plus confortable et sa carrière est réellement lancée.
Une dizaine d’année au sommet
Le parcours cinématographique de Steve McQueen fut relativement court mais dans le même temps intense. Il se met à enchaîner les succès, notamment grâce au réalisateur John Sturges. C’est avec lui qu’il met un pied dans le cinéma avec La proie des vautours en 1959, avant d’acquérir une notoriété certaine dans le western Les Sept Mercenaires un an plus tard. Un statut qui sera confirmé avec La Grande Evasion en 1963. Un film qu’il a pu faire en s’accidentant volontairement à bord de sa Cadillac afin de se libérer vis-à-vis des producteurs d’Au nom de loi qui avaient posé leur véto au tournage de ce film.
- Les Sept Mercenaires (1960)
- La Canonnière du Yang-Tse (1966)
En 1965, avec Le Kid de Cincinnati, Steve McQueen devient l’acteur le mieux payé d’Hollywood – il a amassé 350 000 dollars rien que pour ce rôle – et l’année suivante, il est nominé aux Oscars pour La Canonnière du Yang-Tse. Ce sera la seule fois de sa carrière malgré une année 1968 fructueuse, où il interprète deux de ses meilleurs rôles dans Bullitt et L’Affaire Thomas Crown. Ce dernier film lui permet d’ailleurs d’élargir ses horizons et d’exposer une nouvelle facette de son jeu d’acteur. Nous reviendrons ultérieurement sur ce film qui est prépondérant pour comprendre la force stylistique de Steve McQueen.
Mis en confiance par sa prestation dans ce dernier film, il lance sa propre maison de production : Solar Production. Une liberté retrouvée pour ce solitaire allergique à l’autorité.
- Bullitt (1968) © Barry Feinstein
- L’Affaire Thomas Crown
- L’Affaire Thomas Crown (1968)
Une décadence inexorable durant les 70’
Les seventies arrivant, Steve McQueen entame cependant une lente descente aux enfers. Un déclin qui s’avère double. Au niveau personnel d’abord, lui qui s’est montré être un père aimant et présent auprès de ses enfants Terry et Chad – pour compenser les manques de sa jeunesse certainement – se révèle être moins irréprochable au niveau conjugal. Coureur invétéré, Neile Adams tolère malgré tout ses infidélités afin de préserver l’équilibre familial. Mais son aventure avec l’actrice et model Barbara Leigh, révélée au grand jour, sera celle de trop. Le couple périclite, ce qui ne va pas en s’arrangeant lorsque que Neile confesse également avoir eu une aventure de son côté. Steve, devient de plus en plus instable. Son addiction à la cocaïne et le tragique assassinat de ses amis Jay Sebring et Sharon Tate – alors compagne du réalisateur Roman Polanski – commandité par le criminel Charles Manson, le plonge dans une vive paranoïa.
- En compagnie de Barbara Leigh
- C’est dans Guet-Apens (1972), que Steve McQueen et Ali MacGraw se sont rencontrés
- Avec Ali MacGraw à la fin des années 70
Ils divorcent finalement en 1972. Cette année-là, il rencontre Ali MacGraw, à qui il donne la réplique dans Guet-Apens. Le courant passe bien entre les deux acteurs à tel point qu’ils entament une relation. Une complicité intime qui devient rapidement un secret de polichinelle dans le milieu, provoquant un large scandale à l’époque. En effet, Ali MacGraw est alors l’épouse de Robert Evans, influent producteur hollywoodien. On pense alors que The King of Cool est grillé. Il est pourtant invité à jouer aux côtés de son rival de toujours, Paul Newman, et d’une pléiade d’autres grands acteurs tels que William Holden, Fred Astaire ou encore Faye Dunaway – qu’il retrouve au bon souvenir de L’Affaire Thomas Crown – dans La Tour Infernale, en 1974. Il s’agit là d’un immense succès commercial qui lance la tradition des films catastrophes outre-Atlantique.
- Les acteurs vedettes de La Tour Infernale (1974). De gauche à droite : O. J. Simpson, Robert Vaughn, Richard Chamberlain, Paul Newman, Fred Astaire, Jennifer Jones, William Holden, Faye Dunaway, Robert Wagner et Steve McQueen
- Avec sa dernière épouse, Barbara Minty
- Dans Un ennemi du peuple (1978)
Mais ce triomphe est l’arbre qui cache la forêt. A la suite de ce film, Steve McQueen se reclus dans son domicile de Malibu et sombre dans une profonde dépression, alors qu’on le pressent pour jouer dans Apocalypse Now ou Rencontre du troisième type. Il n’a pratiquement plus aucun contact avec le monde extérieur, laissant sa compagne dans un profond désarroi. Ils divorcent finalement en 1978, Steve McQueen s’étant entiché du mannequin Barbara Minty, qui le suivra jusqu’à son dernier souffle. Cette année-là, il réapparaît à l’écran, peu affuté et hirsute, dans Un ennemi du peuple, adaptation de la pièce éponyme de l’auteur norvégien Henrik Ibsen. Son dernier film sera finalement Le Chasseur réalisé durant l’année 1980, dans lequel il retrouve un rôle qui lui sied à merveille et qui l’a rendu célèbre, celui du chasseur de prime. Mais le tournage est un calvaire pour Steve McQueen, alors rongé par un cancer des poumons incurable qui aura raison de lui quelques mois après la sortie du film.
Mais parmi ces innombrables oeuvres, une avait une saveur particulière pour McQueen : son projet Le Mans. Celui-ci devait faire la jonction entre ses deux passions, le cinéma et l’automobile. Hélas, le film fut un gouffre financier et son tournage chaotique. A sa sortie en 1971, il ne rencontre pas son public. Un échec qui peut être perçu comme le point de départ du crépuscule de l’acteur.















