Steve McQueen, 85 ans de sa naissance (Part. II)

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Icône au style viril et pluriel

Rarement personnalité n’aura connu reconnaissance stylistique posthume si importante. Comme l’attestent de nombreux exemples, de James Dean à Kurt Cobin en passant par John Lennon, sa disparition prématurée n’y est certainement pas étrangère. A une époque où le clin d’œil à l’Histoire est en verve, les différentes marques qui ont eu l’honneur de voir Steve McQueen arborer certains de leurs produits, ne se privent pas aujourd’hui pour réactiver la légende, devenant ainsi un véritable outil marketing.

Steve McQueen était un adepte de la Wax Jacket de chez Barbour, pour ses sorties sur deux roues notamment. Celle-ci revient comme une pièce maîtresse de la maison britannique, qui lui dédie même une collection à son nom. Il s’enticha également des Persol 714 qu’il arbore avec brio dans L’Affaire Thomas Crown. Le lunettier vénitien ne l’a pas oublié, ressortant ainsi de derrière les fagots dans une édition limitée pas vraiment bon marché, ce modèle mythique, entraînant dans son succès l’ensemble de la marque récemment acquise par le géant Luxottica.

 

Steve McQueen a de plus, souvent été perçu comme une incarnation de la virilité. Celle-ci transparaissait largement dans ses apparitions à l’écran. En effet, il n’a jamais manqué d’instaurer une rivalité certaine avec ses collègues d’un jour. On pense notamment à Yul Brynner dans Les Sept Mercenaires, à qui il dispensait une manière farfelue de tenir son arme pour qu’il soit moins crédible. De même, lors du tournage de La Grande Evasion, la tension était palpable avec Charles Bronson, ce dernier ne goûtant que moyennement l’ombre que pouvait lui faire McQueen. Avec Paul Newman, la situation fut quelque peu différente. Le duel était réel et ce, depuis leur première rencontre dans Marqué par la haine en 1956 et il perdura jusqu’à La Tour Infernale presque vingt ans plus tard. Mais les deux hommes se sont parallèlement retrouvés autour de leur passion ardente pour l’automobile.

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Paul Newman et Steve McQueen entourent Faye Dunaway dans La Tour Infernale

Alors qu’on associe Steve McQueen de manière assez naturelle à un cow-boy ou à un aventurier casse-cou, il va donner une nouvelle dimension à sa carrière avec L’Affaire Thomas Crown, en 1968. C’est ce film qui révèle au grand jour l’adaptabilité stylistique de l’acteur. Au départ pourtant, ses origines modestes l’ont fait douter de sa capacité à incarner un aristocrate de la côte Est. Or, c’est avec une aisance qui n’a rien à envier à n’importe quel James Bond et sans perdre la nonchalance qu’on lui connait qu’il se pare dans ce film de savoureux costumes trois pièces. Un clin d’oeil à Sean Connery sans doute, qui fut un temps pressenti pour le rôle. Un plaisir non-dissimulé se fait même sentir chez l’acteur américain dans le port de la pochette, du pin collar, des poignets mousquetaires ou encore de la montre gousset quand ce n’est pas une Tank de chez Cartier ou une Jaeger-LeCoultre Memovox qui trouvent place sur son poignet. Si ce film fut finalement son préféré, il demeura également très important pour son image. Enfin, trois ans plus tard, en tournant Le Mans, son oeuvre, il forge sa réputation de gentleman driver.

Mécanique horlogère et automobile, deux passions liées

Steve McQueen est par ailleurs devenu une égérie horlogère un peu malgré lui avec ce film. Alors qu’on le pensait inséparable de ses Rolex Submariner 5512 et 5513, il leur fit une infidélité pendant ce tournage. Séduit par l’allure du suisse Jo Siffert, qui le double pour piloter la fameuse Porsche 917K Gulf Racing, faute d’accord avec les assurances, Steve McQueen entend arborer la même tenue.

 

Mais le pilote suisse est devenu depuis peu l’ambassadeur privilégié d’une solide mais encore peu connue maison horlogère : Heuer – qui deviendra TAG Heuer en 1985 – au point qu’il porte un écusson de la marque sur sa combinaison. Les prémices du sponsoring personnifié. Il accroche constamment une Autavia 1163T à son poignet, assurant la reconnaissance de la marque dans le milieu automobile, où elle est déjà bien implantée. Jack Heuer, dirigeant de la maison éponyme, est mis au courant que Siffert participe au tournage du film. Il entend alors en profiter pour placer ses produits et notamment sa petite dernière, la Monaco et son boitier carré. Finalement, Steve McQueen quitte sa montre à la couronne pour cette dernière, après avoir refusé de porter une Omega pour le film. Si celui-ci n’a pas rencontré le succès escompté à sa sortie, il reste une référence esthétique pour les amateurs de courses automobiles. Et aujourd’hui, comme l’attestent de nombreuses publicités, Steve McQueen est devenu à titre posthume le fer de lance de ce modèle phare de la maison de la Chaux-de-Fonds.

Pour ce qui est de la mécanique et du pilotage, cette passion se manifeste d’abord sur deux roues. Motard de talent – il a fait partie de l’équipe américaine de trial – il expose ses qualités durant des courses de côtes. Ses premiers gains lui permettent d’ailleurs de s’offrir des cours de théâtre et d’entamer ainsi sa carrière d’acteur. Mais même au cinéma, les engins roulants ne sont jamais trop loin de lui.

 

Dans La Grande Evasion (1963), il subjugue le monde entier en réalisant lui-même ses cascades à moto – hormis celle du fameux saut de la frontière suisse qui fut laissée à sa doublure, Bud Ekins, au grand désarroi de Steve McQueen – démontrant toute son hardiesse. Même schéma dans Bullitt cinq ans plus tard. McQueen ne fut pas autorisé à faire les cascades les plus dangereuses et ce fut une nouvelle fois Bud Ekins, ainsi que Loren James qui le suppléèrent. C’est toutefois bien lui qui est au volant de la Ford Mustang GT Fastback préparée par Carroll Shelby et Max Balchowsky, durant la fameuse course-poursuite qui voit les deux autos protagonistes s’opposer à près de 180 km/h.

Bien sûr, cet attrait pour l’automobile s’en ressent dans son garage personnel qui a compté une pléiade de divas. Outre des Ferrari, nombreuses – 275 GTB/4, 250 GT Lusso, 330 GTC en tête – Steve McQueen était sensible aux petites sportives pétillantes. C’est pourquoi il compta notamment une Porsche 356 Speedster, une AC Cobra 289, une Jaguar XKSS, une Lotus Eleven et même une rarissime Siata 208S de 1953.

 

A l’image de l’attrait marketing qu’il a pu présenter pour certaines enseignes, le simple fait qu’une de ces autos ait été possédé par The King Of Cool suscite une envolé de leur cote de nos jours. Dernier exemple en date, la Porsche 911 S de 1970 qu’il utilise dans Le Mans, qui a été cédé aux enchères près de 1,3 millions de dollars en août 2011. L’acheteur ? Le footballeur David Beckham !

« Je préfère passer une soirée avec le pilote Stirling Moss qu’une nuit avec Marylin Monroe » avait tendance à dire Steve McQueen. Une saillie délicieuse qui résume finalement bien cette passion dévorante qui a pu l’animer ; surtout lui, coureur invétéré qu’il fut…

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Steve McQueen et sa Porsche 911 S. On peut noter sa Rolex Submariner 5512 au poignet. Cette montre a été vendue aux enchères 234 000 $, alors qu’il l’avait léguée à un ami. La 5513 est quant à elle revenue à son fils Chad, qui n’a toutefois pas hérité de la classe de son père.

 

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