Le Mans à l’heure asiatique ?

La Mazda 787B à côté d'une de ses plus farouches concurrentes, la fameuse Porsche 962C

Mazda 787B et Porsche 962C : deux magnifiques porte-drapeaux des sport-prototypes des années 80-90.

L’effervescence se fait de plus en plus prégnante aux alentours de la région mancelle. Dès demain débutent les 24 Heures du Mans, point d’orgue de la saison d’endurance. Bien que l’épreuve semble avoir perdu sa part de suspense ces derniers temps, la faute à la domination outrageuse d’Audi depuis le début les années 2000, cette édition 2015 revêt un certain intérêt. En effet, cette ascendance pourrait être contestée cette année par une pluralité d’acteurs historiques de cette course mythique, qui font leur réapparition sur le devant de la scène.

Retour en force des constructeurs asiatiques

C’est à partir des années 70 que les constructeurs asiatiques se sont rapidement entichés des 24 Heures du Mans, les premiers acteurs étant Sigma Automotive au début de cette décennie et Dome à partir de 1979. Les géants Toyota, Nissan et Mazda ont suivi la marche à partir des années 80. Si les deux premiers ont longtemps joué les faire-valoir, le troisième est parvenu à atteindre le graal avec une victoire en 1991, au terme d’une décennie d’apprentissage des exigences de cette course hors norme.

 

Cette année-là, la mythique 787B, qui avait la particularité d’abriter un moteur à pistons rotatifs (Wankel) – par la suite interdit par la réglementation, les autres constructeurs n’y étant certainement pas étrangers – a fait la nique aux pontes de la compétition, qui étaient britanniques (Jaguar XJR-12 Silk Cut) et allemands (Mercedes-Benz Sauber C11 et Porsche 962C). Face aux performances diaboliques de ces dernières, la Mazda a su compenser par une fiabilité extraordinaire, lui permettant de conclure la course avec deux tours d’avance sur la première Jaguar.

Un exemple qu’aimeraient bien suivre Nissan et Toyota. Si le constructeur de Tokyo est revenu au Mans en 2012, il faut remonter à 1990 pour noter la dernière participation de Nissan aux 24 Heures du Mans en tant que constructeur, car la marque est restée un motoriste majeur entre temps. Les deux acteurs japonais débarquent cette année avec beaucoup d’ambitions en LMP1 (pour Le Mans Prototype, la catégorie suprême), largement dominée par Audi depuis près de quinze ans.

Vers un duel germano-nippon d’envergure

La marque aux anneaux est devenue quasiment intouchable depuis 2000. Hormis en 2003 et 2009 où Bentley et Peugeot sont venus jouer les trouble-fêtes, c’est à chaque fois une représentante de la firme d’Ingolstadt qui s’est octroyée le titre tant convoité. Et cette année encore, les trois R18 e-tron Quattro engagées par l’équipe Joest Racing sont bien parties pour perpétuer la performance, comme l’atteste leur dernière victoire lors des 6 Heures de Spa au mois de mai.

 

Mais elles devront toutefois faire face aux concurrents venus du pays du Soleil-Levant. Si Toyota les a déjà titillées l’année passée avec la version 2014 de la TS040 Hybrid – dont un modèle est monté sur la dernière marche du podium – Nissan suscite également un fort engouement avec son incroyable GT-R LM Nismo à moteur central avant.

Mais le danger ne vient pas seulement de l’autre bout du globe. L’année dernière, un autre illustre compétiteur des 24 Heures a fait son retour dans la catégorie reine. Il s’agit de Porsche, constructeur le plus titré de l’Histoire de l’épreuve avec 16 sacres, qui reconduit sa 919 Hybrid cette année. Signe encourageant, Porsche a talonné Audi lors des derniers 6 Heures de Spa en s’octroyant les deuxième et troisième places.

 

En fin de compte, entre d’un côté deux constructeurs qui ont eu le temps de roder leurs bêtes et un outsider qui débarque avec un engin révolutionnaire, on a envie de croire que l’hégémonie d’Audi est en mesure d’être bousculée. Tout semble donc possible pour cette 83ème édition des 24 Heures du Mans. N’est-ce pas ce sentiment qui a finalement offert ses lettres de noblesses à la course d’endurance la plus prestigieuse du monde ?

 

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