
Lionel Messi, Adriano, Douglas Pereira, Daniel Alves, Neymar et Rafinha : Oui, le Barça semble bien fâché avec l’élégance. De là à en faire une généralité ? Presque.
L’élégance vestimentaire dans l’environnement footballistique est un phénomène discret à première vue. Les quelques maisons associant leur image au football progressent à pas feutrés. Il apparaît ainsi plus rassurant pour elles de le faire auprès d’équipes nationales, comme pour rallier leur démarche à une identité culturel plutôt qu’à un ou plusieurs joueurs en particulier. C’est le cas de Smalto, qui habille désormais les Bleus depuis la dernière Coupe du Monde brésilienne et d’Hugo Boss qui assure la même mission pour la Mannschaft.
Le tailleur britannique Marc Wallace fait quant à lui figure d’exception en recourant aux noms de gloires, anciennes comme actuelles, telles que Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, Pelé, Bobby Moore ou encore George Best. Un pari osé lorsque l’on connaît la capacité, des deux premiers cités notamment, à se ridiculiser chaque année lors de la cérémonie du Ballon d’Or.
- Le XI FIFA 2014 qui rassemblait Arjen Robben, Ángel di María, Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Manuel Neuer, Sergio Ramos, Philip Lahm, Toni Kroos et Andrés Iniesta ; le traditionnel jeu des sept erreurs ne serait pas suffisant en l’espèce…
- Cérémonie Ballon d’Or 2013 : Daniel Alves, Lionel Messi, Neymar, Xavi Hernández, stars du FC « Clowns » Barcelone.
- On compare souvent le talent de Lionel Messi à celui de son illustre compatriote Diego Maradona. La « Pulga » devrait savoir que cet exemple n’est à imiter que sur les terrains.
Malgré ce bilan plutôt négatif, qui va donc dans le sens d’une incompatibilité de l’élégance vestimentaire avec les footballeurs, certains acteurs viennent sauver l’honneur stylistique du sport le plus populaire du monde, mettant légèrement à mal cette thèse. En voici une liste quasi exhaustive.
Thierry Henry
Depuis son passage à « Big Apple » et son rapprochement avec la maison Tommy Hilfiger, l’attaquant français diffère réellement du footballeur lambda quant à son apparence. Son intégration en tant que consultant pour le média britannique Sky News a par ailleurs joué en faveur d’une certaine « britishisation » de sa mise. Il demeure sans aucun doute l’un des acteurs de la « planète foot » le plus élégant aujourd’hui, même si quelques tentatives hasardeuses peuvent assombrir le tableau.
- Thierry Henry a toujours montré son attachement à Londres, jusqu’à adopter un style très « La City », ici dans les gradins de Wimbledon lors de l’édition 2015 du tournoi.
- Si la couleur de la cravate laisse un peu à désirer, c’est surtout le port de Ray Ban Cats qui heurte sur ce cliché.
- Même si l’on peut regretter la combinaison costume noir / chemise blanche, on peut saluer le choix pertinent de larges revers à crans aigus pour cette veste droite.
David Beckham
Archétype du footballeur « fashion-victim » pendant longtemps – une image largement dirigée par son ex-Spice Girls de compagne – David Beckham paraît aujourd’hui être au diapason des règles fondamentales de l’élégance masculine. Costumes sur-mesure le plus souvent – confectionnés chez Stephen Williams notamment – cravates bien ajustées à l’image d’une toison capillaire impeccablement peignée ; le jeune retraité des terrains s’est désormais rangé du côté du classicisme. Ce qui semble davantage coïncider avec son affable mais discrète personnalité. Mais le « Becks » revient de loin !
- Wimbledon 2014, finale : David Beckham s’affiche avec un magnifique blazer croisé, tout droit sorti du vestiaire de SAR le prince Michael de Kent.
- Une mise classique qui fleure bon la Savile Row. La pince à cravate et la pochette mauve viennent intelligemment contrebalancer l’austérité de la tenue.
- C’est décidément à Wimbledon que l’anglais prend plaisir à divulguer ses préférences sartoriales. Il arbore ici une intéressante veste à motif Prince de Galles.
Andrea Pirlo
Il est de bon ton de louer l’élégance du métronome italien aujourd’hui. La barbe parfaitement taillée, une coiffure made in Italy, un talent et une maestria géniale sur le pré, mais aussi une discrétion couplée à des passions raffinées, principalement pour le vin ; il est incontestable que le néo-new-yorkais dénote lui aussi largement dans le paysage footballistique moyen. Toutefois, l’équation « Pirlo = summum de l’élégance » voulue par une certaine mouvance médiatique, peut paraître quelque peu disproportionnée et serait finalement davantage due à la pauvreté abyssale de la concurrence, parmi les footballeurs.
- En tout bon italien qui se respecte, Andrea Pirlo ne lésine pas sur l’ampleur de ses revers de veste. Et c’est tant mieux.
- Andrea Pirlo accompagné de ses anciens coéquipiers Mirko Vucinic et Fabio Quagliarella, posent avec Lapo Elkann, excentrique petit-fils de Gianni Agnelli et créateur de la fameuse agence de design Italia Independant. © Marco Casino
- Même en déplacement officiel, celui qui a rendu le numéro 21 mythique garde une certaine prestance.
- Une tenue simple, décontractée pour un résultat probant.
- Andrea Pirlo aime le vin autant que ses équipiers se régalent de ses caviars sur le terrain.
- Lunettes Italia Independant et Hublot Big Bang Black Magic, les accessoires sont mis à l’honneur sur cette photo.
Claudio Marchisio
Amené à suppléer « el architteto » dans le onze juventino, ce digne héritier pousse le vice jusqu’au style. Même port du costume aisé, un faible pour les beaux binocles, Claudio Marchisio devrait truster le même statut que Pirlo d’ici six ou sept ans. S’il corrige d’ici là les quelques faux pas que l’on peut lui reprocher.
- Claudio Marchisio, adepte de la sprezzatura. © marchisiocla8
- Accord de couleurs très réussi avec ce magnifique costume trois pièces bleu bleuet. © marchisiocla8
- Parvenir à rendre un ensemble unicolore acceptable, c’est fort ! © marchisiocla8
- Chez les Marchisio, le tailoring se vit à deux. © marchisiocla8
- Il faut s’appesantir ici sur la somptueuse Zeitwerk de chez A. Lange & Söhne qui jonche le poignet du joueur italien. © marchisiocla8
- Claudio Marchisio et sa compagne Roberta Sinopoli une nouvelle fois accordés au niveau vestimentaire. © marchisiocla8
Xabi Alonso
Il est loin le temps où le milieu basque trimballait son visage poupin affublé d’une crinière hirsute sur les rives de l’Urumea ou de la Mersey. Aujourd’hui, la rampe de lancement du Bayern Munich est immanquable avec sa légendaire « barbe-rousse ». A la ville, l’espagnol est à l’image de son jeu, sans esbroufe mais appliqué et précis. Une spécificité propre aux registi si l’on se réfère à son confrère Andrea Pirlo ?
- Xabi Alonso et sa femme Nagore Arumburu. © xabialonso14
- Xabi Alonso arborant un joli modèle de lunettes rétro : les Brooks Sun de chez Garrett Leight. © xabialonso14
- On comprend la grimace du milieu de terrain espagnol qui paraît peu à son aise dans cette veste grise trop serrée.
Alvaro Morata
C’est peut-être l’un des rares motifs d’espoir chez la jeune génération. L’attaquant espagnol de 22 ans semble résister aux sirènes de l’exubérance outrancière chère aux jeunes footballeurs, en affichant une certaine sobriété. Si les tee-shirts violemment bariolés sont parfois de mise pour se rendre à l’entraînement – le jeune homme doit quand même pouvoir s’intégrer au milieu de ses coéquipiers – il semble éprouver un certain plaisir à porter le costume que les clubs professionnels infligent désormais à leurs pantins avant les matchs. Il montre une application comparable en privé. Il faut dire que son cas demeure assez particulier puisqu’il a à la fois évolué aux côtés de Xabi Alonso au Real Madrid et d’Andrea Pirlo à la Juventus Turin. Deux glorieux aînés qui ont pu déteindre quelque peu sur le jeune Alvaro. Dommage qu’il ne représente qu’une tendance singulière dans le football moderne.
- Alvaro Morata pour Absolute Bespoke. © alvaromorata
- Certes, le gilet tartan peut être discuté, mais la démarche de l’espagnol apparaît audacieuse avec cette jacquette. © alvaromorata
Keisuke Honda
Le numéro 10 japonais décoloré semble vouloir se placer dans la lignée du grand Hidetoshi Nakata. Aussi charismatique que talentueux, celui qui a longtemps vécu en Italie, entre Pérouse, Rome, Parme et Florence, est aujourd’hui devenu une véritable icône stylistique mondiale. Honda s’est aussi lancé dans l’aventure transalpine de son côté et il y a fort à parier que la ville de Milan, dans laquelle il évolue, a largement du l’inspirer.
- Une pièce très intrigante que ce manteau proposé par Keisuke Honda.
- Hidetoshi Nakata en costume croisé ; dix ans en Italie laissent forcément des traces. © nakata hidetoshi
Rio Ferdinand
Le défenseur britannique, même s’il fut l’un des tous meilleurs stoppeurs de la décennie 2000, n’était pas réputé pour faire dans la dentelle. Mais derrière cette image de bulldog sur le rectangle vert, se cache un gaillard apparemment sensible au vêtement et à l’élégance. Malgré quelques maladresses et des choix pas toujours judicieux, celui qui fut le défenseur le plus cher de l’histoire – jusqu’à ce que le PSG et Manchester City déraillent en 2014 pour s’arracher les services de David Luiz et d’Eliaquim Mangala – apporte une touche assez rafraîchissante au milieu de ses confrères.
- Rio Ferdinand, Alan Shearer et Alan Hansen : trois légendes du football d’outre-Manche réunies par la BBC.
- Costume trois pièces strict pour Rio Ferdinand. Seul son col de chemise, peu académique, dénote. © Ian Nicholson (PA Archive)
- Le natif de Peckham entend se démarquer de son compatriote Michael Carrick. Si le choix des couleurs est pertinent, son obstination à arborer ce col anguleux est regrettable.
Alessandro Del Piero
Et si finalement la retraite était la meilleure des choses pour voir les footballeurs progresser en matière d’élégance ? Si les cas de Thierry Henry et de David Beckham vont dans ce sens, c’est également ce que semble nous enseigner Alessandro Del Piero, ancien pensionnaire de la maison « Juve », pour changer.
- Un Del Piero qui se veut chic et décontracté au milieu des trains. © alessandrodelpiero
- Aux côtés de la McLaren MP4/8 avec laquelle Ayrton Senna termina deuxième du championnat du monde 1993, lors d’une exposition dédiée au pilote brésilien à Turin en mars dernier. Au second plan, la Lotus 98T de la saison 1986. © alessandrodelpiero
- Col cutaway, épaule romaine, pochette bicolore, « Pinturicchio » est un fier représentant de l’école italienne. © alessandrodelpiero



































