
Au cours de sa carrière, Philippe Charbonneaux imagina différents camions publicitaires, tous plus originaux les uns que les autres, comme le montrent les photographies en bas de cette affiche.
Rendez-vous annuel attendu de tous les amateurs d’automobiles de collection, le salon Rétromobile ouvre ses portes aujourd’hui. Une édition 2016 qui a décidé de saluer la riche carrière d’un acteur hors pair de l’industrie automobile française – mais pas seulement – du XXème siècle. Cet homme, c’est Philippe Charbonneaux. Styliste avant-gardiste, ses nombreuses créations, aujourd’hui réunies au sein du Musée Automobile Reims Champagne, ont eu un impact véritable sur l’évolution du dessin automobile.
- Trois grands dessinateurs et affichistes ont influencé Philippe Charbonneaux. Tout d’abord Alex Kow, qui réalisa cette publicité pour Panhard en 1932.
- René Vincent, particulièrement célèbre pour cette publicité vantant les mérites de la Salmson 10 HP, en 1922.
- Enfin, Georges Hamel dit « Géo Ham » et ses magnifiques illustrations Art Déco, ici pour les 12 Heures de Paris 1939. L’épreuve, devant se dérouler le 10 septembre de cette année, a finalement été annulée suite au déclenchement de la guerre quelques jours plus tôt.
- Philippe Charbonneaux a par ailleurs exercé ses talents de dessinateur pour le compte de revues telles que ‘Le Monde Illustré’.
- Tout autant passionné d’aéronautique que d’automobile, Philippe Charbonneaux a toujours estimé que ces deux domaines pouvaient s’apporter mutuellement.
Le nom de Charbonneaux détient une résonance toute particulière chez deux grands constructeurs français : Delahaye et Renault. Le jeune designer se forge d’abord une réputation avec le premier, en devenant son styliste attitré à partir de 1946. On lui doit ainsi la fameuse Delahaye 235, une des premières voitures françaises à adopter une carrosserie dite « ponton », qui entend intégrer les ailes au reste de la caisse, tout en y incorporant des ouïes inspirées de l’aéronautique. Mais malgré sa contribution à la modernisation de la marque, celle-ci disparaît en 1954, n’étant pas parvenue à s’adapter au monde de l’après-guerre.
- Le designer français, très lié au constructeur Delahaye, s’est vu confié l’élaboration du catalogue de la marque.
- Il pose ici près d’une Delahaye 235 dont on lui doit l’élégant dessin.
- Une Delahaye 235 Coach carrossée par Henri Chapron, faisait partie de la formidable collection Baillon écoulée lors de l’édition 2015 du Salon Rétromobile.
L’aventure avec Renault débute quant à elle dans les années 60. Son œil avisé est sollicité par la marque au losange pour imaginer la remplaçante de la rondelette Dauphine. Il en découle l’angulaire Renault 8, qui restera dans les anales, particulièrement dans sa livrée Gordini. Il assiste également les prometteurs Gaston Juchet et Claude Prost-Dame dans l’élaboration de la R16, qui lance le concept de la voiture à cinq portes (un hayon en plus des quatre portes latérales), dont on connaît aujourd’hui la prégnance dans le parc automobile. La dernière grande influence de Charbonneaux du côté de la firme de Boulogne-Billancourt prend forme avec un prototype tricorps fait en collaboration avec l’italien Franco Sbarro, qui préfigure la R25.
- La Renault 8, successeur de la Dauphine, imaginée par Philippe Charbonneaux.
- Dans sa version radicale Gordini, la R8 est devenue un mythe pour les collectionneurs.
- La Renault 16 a été un succès international pour la marque française, grâce à sa ligne particulièrement innovante.
- Philippe Charbonneaux développa une version tricorps de la R16.
- Philippe Charbonneaux accompagné de Franco Sbarro, ont créé de toute pièce une imposante berline de luxe équipé d’un puissant V6 pour le compte de Renault, qui s’en inspirera pour sa R25.
- La première Chevrolet Corvette apparue au début des années 50, puisa sa ligne dans des suggestions de Philippe Charbonneaux.
Entre temps, Philippe Charbonneaux a été débauché par GM pour travailler sur une petite sportive. Si le mode de travail à l’américaine ne le convainc guère, ses propositions ont toutefois participé à ce qui sera l’un des plus grands joyaux de l’histoire automobile américaine : la Chevrolet Corvette.
Philippe Charbonneaux ne s’est toutefois pas cantonné au seul secteur automobile. Par le biais de son bureau de style ouvert en 1953, auquel s’est notamment joint le prometteur Paul Bracq, il a également travaillé sur les produits de la vie courante, en plein essor dans le contexte des Trente Glorieuses, ainsi que sur leur publicité. Richard Keller – conservateur en chef du Musée National de l’Automobile de Mulhouse – résumait le champs d’action du styliste en un partage entre art de vivre et automobile. Enfin, comment ne pas évoquer son apport dans l’esthétique des poids lourds. Philippe Charbonneaux a en effet imposé sa patte dans ce secteur avec le révolutionnaire Berliet Straidair.
- La Wimille Prototype numéro 3, fruit de l’association de Philippe Charbonneaux avec son ami, le célèbre pilote français Jean-Pierre Wimille, en 1949.
- C’est sans entraves à son imagination que Philippe Charbonneaux a pu concevoir cette étonnante Salmson 2300 S de 1953.
- Philippe Charbonneaux a, en collaboration avec le carrossier Franay, façonné la limousine Citroën 15/6 H présidentielle, au milieu des années 50.
- Quelques temps avant sa disparition en 1998, Philippe Charbonneaux avait toujours la tête dans le futur comme le montre cette Ellipsis numéro 7.
A la fin de sa vie, preuve de son inébranlable capacité de projection dans l’avenir, il imagine la série Ellipsis, dont l’objectif est alors de répondre à des problématiques de sécurité routière. Mais il n’en demeure pas moins tout autant intéressé par le passé automobile, comme l’attestent son expérience à la tête de la revue L’Anthologie Automobile et la création de son musée aujourd’hui installé dans la cité rémoise.

Philippe Charbonneaux en 1972. © Rétromobile

















