Philippe Charbonneaux, un styliste en avance

Philippe Charbonneaux oeuvres.

Au cours de sa carrière, Philippe Charbonneaux imagina différents camions publicitaires, tous plus originaux les uns que les autres, comme le montrent les photographies en bas de cette affiche.

Rendez-vous annuel attendu de tous les amateurs d’automobiles de collection, le salon Rétromobile ouvre ses portes aujourd’hui. Une édition 2016 qui a décidé de saluer la riche carrière d’un acteur hors pair de l’industrie automobile française – mais pas seulement – du XXème siècle. Cet homme, c’est Philippe Charbonneaux. Styliste avant-gardiste, ses nombreuses créations, aujourd’hui réunies au sein du Musée Automobile Reims Champagne, ont eu un impact véritable sur l’évolution du dessin automobile.

 

 

Le nom de Charbonneaux détient une résonance toute particulière chez deux grands constructeurs français : Delahaye et Renault. Le jeune designer se forge d’abord une réputation avec le premier, en devenant son styliste attitré à partir de 1946. On lui doit ainsi la fameuse Delahaye 235, une des premières voitures françaises à adopter une carrosserie dite « ponton », qui entend intégrer les ailes au reste de la caisse, tout en y incorporant des ouïes inspirées de l’aéronautique. Mais malgré sa contribution à la modernisation de la marque, celle-ci disparaît en 1954, n’étant pas parvenue à s’adapter au monde de l’après-guerre.

 

L’aventure avec Renault débute quant à elle dans les années 60. Son œil avisé est sollicité par la marque au losange pour imaginer la remplaçante de la rondelette Dauphine. Il en découle l’angulaire Renault 8, qui restera dans les anales, particulièrement dans sa livrée Gordini. Il assiste également les prometteurs Gaston Juchet et Claude Prost-Dame dans l’élaboration de la R16, qui lance le concept de la voiture à cinq portes (un hayon en plus des quatre portes latérales), dont on connaît aujourd’hui la prégnance dans le parc automobile. La dernière grande influence de Charbonneaux du côté de la firme de Boulogne-Billancourt prend forme avec un prototype tricorps fait en collaboration avec l’italien Franco Sbarro, qui préfigure la R25.

 

Entre temps, Philippe Charbonneaux a été débauché par GM pour travailler sur une petite sportive. Si le mode de travail à l’américaine ne le convainc guère, ses propositions ont toutefois participé à ce qui sera l’un des plus grands joyaux de l’histoire automobile américaine : la Chevrolet Corvette.

Philippe Charbonneaux ne s’est toutefois pas cantonné au seul secteur automobile. Par le biais de son bureau de style ouvert en 1953, auquel s’est notamment joint le prometteur Paul Bracq, il a également travaillé sur les produits de la vie courante, en plein essor dans le contexte des Trente Glorieuses, ainsi que sur leur publicité. Richard Keller – conservateur en chef du Musée National de l’Automobile de Mulhouse – résumait le champs d’action du styliste en un partage entre art de vivre et automobile. Enfin, comment ne pas évoquer son apport dans l’esthétique des poids lourds. Philippe Charbonneaux a en effet imposé sa patte dans ce secteur avec le révolutionnaire Berliet Straidair.

 

A la fin de sa vie, preuve de son inébranlable capacité de projection dans l’avenir, il imagine la série Ellipsis, dont l’objectif est alors de répondre à des problématiques de sécurité routière. Mais il n’en demeure pas moins tout autant intéressé par le passé automobile, comme l’attestent son expérience à la tête de la revue L’Anthologie Automobile et la création de son musée aujourd’hui installé dans la cité rémoise.

Philippe Charbonneaux en 1972.

Philippe Charbonneaux en 1972. © Rétromobile

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