C’est désormais devenu un rituel attendu. A l’occasion du salon Rétromobile, organisé au début du mois de février, Paris devient l’espace de quelques jours, la capitale mondiale de l’automobile de collection. Les grandes maisons de ventes aux enchères s’y réunissent pour offrir des cérémonies toujours plus extraordinaires. Voici un récapitulatif de celles organisées par Artcurial Motorcars, RM Auctions et Bonhams à cette occasion.

Nouveau coup de maître pour Artcurial Motorcars

Il paraît naturel de débuter par la vente du groupe français, qui s’est tenue sur le Salon Rétromobile. Il y a un an, Artcurial marquait les esprits avec la fameuse vente de la collection Roger Baillon. Susciter le même engouement cette année paraissait dès lors être un défi de taille. L’objectif a pourtant été atteint, grâce à un lot tout particulier, le 170. Derrière ce nombre se cache en effet un véhicule d’anthologie, une Ferrari 335 S de 1957 carrossée par Scaglietti, issue d’une autre collection privée prestigieuse du centre de la France, celle de Pierre Bardinon. Passé sportif extraordinaire – Peter Collins, Maurice Trintignant, Mike Hawthorn, Wolfgang von Trips, Luigi Musso, Masten Gregory, Stirling Moss se sont notamment succédés à son volant –, ligne à couper le souffle, exclusivité infinie, motorisation légendaire ; ce bijou réunissait tous les éléments pour constituer une vente au sommet, ce qui ne manqua pas de se produire. Le bolide a en effet atteint la somme extravagante de 32,1 millions d’euros frais inclus, ce qui constitue le record mondial absolu pour une automobile vendue aux enchères. On comprend dès lors mieux pourquoi Matthieu Lamoure, directeur général de la maison, a parlé de « session historique ».

Avec tout juste 70% de lots vendus, il convient cependant de noter le nombre assez important d’automobiles n’ayant pas trouvé d’acquéreurs. Parmi celle-ci, on remarque quelques biens exceptionnels telles que la dernière Ferrari 250 GT SWB Berlinetta assemblée, cédée par la famille du collectionneur suisse Antoine Midy, fervent amateur de la marque au Cheval Cabré. Elle était alors estimée entre 9 et 10 millions d’euros.

Artcurial, session du 05/02/16 : les dix meilleures ventes (photos © Artcurial Motorcars)

1. Lot 170 : Ferrari 335 S Scaglietti (1957) : 32,075,200 € 

2. Lot 157 : Aston Martin DB4 Convertible Série V (1963) : 1,473,200 €

3. Lot 116 : Ferrari Testarossa Spider Valeo (ex-Gianni Agnelli) (1986) : 1,210,100 €

4. Lot 148 : Lamborghini Countach LP 400 « Periscopio » (1975) : 1,072,800 €

5. Lot 169 : Ferrari 365 GTB/4 Daytona (1972) : 953,600 €

6. Lot 212 : Bugatti EB110 SS Sport Competizione-Le Mans (1995) : 941,700 €

7. Lot 211 : Bugatti EB110 Super Sport (1995) : 929,800 €

8.  Lot 185 : Bucciali – Cord Type L29 modifié 2012 (1931) : 596,000 €

9. Lot 136 : Maserati 3500 GT Vignale Spyder « Capot Long » (1960) : 548,300 €

10. Lot 137 : Ferrari 330 GTC (1968) : 536,400 €

     

 

Quelques prestigieuses laissées-pour-compte (estimation en italique) (photos © Artcurial Motorcars)

– Lot 138 : Ferrari 250 GT SWB Berlinetta (1963) : 9,000,000 – 12,000,000 €

– Lot 213 : Bugatti EB112 Berline (1999) : estimation inconnue, vendue 2,218,800 € avant rétractation de l’acheteur.

– Lot 200 : Ferrari 250 GT Cabriolet Pininfarina Série 2 (ex-Prince Moulay Abdallah ; ex-Adrien Maeght) (1960) : 1,400,000 – 1,800,000 €

– Lot 187 : Alfa Romeo 6C 1750 Super Sport (1929) : 1,350,000 – 1,550,000 €

– Lot 142 : Porsche 959 (1988) : 1,200,000 – 1,400,000 €

– Lot 202 : Lamborghini Miura S (1970) : 900,000 – 1,100,000 €

– Lot 197 : Bentley 6,5 L Tourer Vanden Plas (1926) : 825,000 – 900,000 €

– Lot 174 : Ferrari Daytona 365 GTB/4 Spider Straman (1971) : 675,000 – 800,000 €

– Lot 206 : Porsche 911 Carrera 2.7L RS Touring (1973) : 600,000 – 800,000 €

– Lot 144 : Lamborghini 350 GT Touring (1966) : 680,000 – 780,000 €

– Lot 194 : Alfa Romeo Giulietta Sprint Zagato « Coda tronca » (1962) : 580,000 – 720,000 €

– Lot 146 : Lamborghini Espada Série I (1969) : 280,000 – 340,000 €

 

 

Au lendemain de cette excitante séance fut proposée une seconde vente exclusivement dédiée à la collection de Citroën de l’homme politique et entrepreneur français, André Trigano. Malgré l’événement de la veille, les acheteurs ne se sont en rien démobilisés et certaines ambassadrices de la marque aux chevrons ont dépassé les prédictions, avec quelques records à la clef.

Artcurial, vente du 06/02/16 (photos © Artcurial Motorcars)

1. Lot 348 : Citroën 2CV Sahara (1961) : 172,800 €
2. Lot 332 : Citroën Traction 11 B Cabriolet (1939) : 166,900 €
3. Lot 311 : Citroën Traction 7C Coupé (1935) : 107,300 €
4. Lot 310 : Citroën Traction Cabriolet 11 BL (1939) : 83,400 €
5. Lot 319 : Citroën ID 21 F Break (1968) : 71,500 €
6. Lot 333 : Citroën DS 23 IE Pallas (1974) : 63,200 €
7. Lot 322 : Citroën BX 4TC (1986) : 62,000 €
8. Lot 307 : Citroën Méhari 4×4 (1980) : 50,100 €
9. Lot 312 : Citroën C4 G Torpédo (1932) : 41,700 €
10. Lot 330 : Citroën Traction 15-Six H Berline (1954) : 38,144 €

 

De belles ventes – parfois in extremis – pour RM Auctions

La maison américaine présentait ses objets de convoitises sur l’esplanade des Invalides. Avec sept lots dépassant le million d’euros, on peut dire que le résultat est convaincant, même si deux d’entre eux – une remarquable Ferrari 400 Superamerica et une plus contemporaine Ferrari F50 – ont été cédés après clôture de la vente, preuve s’il en est de la prudence croissante des acheteurs. Ce qui peut par ailleurs expliquer pourquoi, ici aussi, de nombreux modèles, pourtant fort intéressants, sont restés sur le carreau. Les estimations ont-elles franchi un seuil prohibitif ? C’est en tout cas l’argument avancé par certains spécialistes.

RM Auctions, vente du 03/02/16 (photos © RM Auctions)

1. Lot 152 : Ferrari 400 Superamerica LWB Coupé Aerodinamico Pininfarina (1962) : 2,950,000 €
   

2. Lot 143 : Porsche 550 Spyder Wendler (1955) : 2,744,000 €

3. Lot 150 : BMW 507 Roadster Series II (1957) : 2,016,000 €

4. Lot 138 : Ferrari Enzo (2004) : 1,568,000 €

5. Lot 141 : Ferrari F50 (1997) : 1,275,000 €

6. Lot 151 : Mercedes-Benz 300 SL Gullwing (1955) : 1,176,000 €

7. Lot 145 : Ferrari F40 (1989) : 1,036,000 €

8. Lot 110 : Mercedes-Benz 300 SC Coupé (1957) : 498,400 €

9. Lot 137 : Ferrari 250 GT Coupé Pininfarina (1960) : 459,200 €

10. Lot 118 : Aston Martin DB6 (1966) : 392,000 €

     

 

Quelques belles laissées-pour-compte (photos © RM Auctions)

• Lot 144 : Aston Martin DB5 (1963) : 1,100,000 – 1,300,000 €

• Lot 149 : Alfa Romeo Giulia Tubolare Zagato (1965) : 950,000 – 1,200,000 €

• Lot 148 : Alfa Romeo 6C 2500 SS Villa d’Este Coupé Touring (1951) : 750,000 – 900,000 €

• Lot 125 : Ferrari 365 GTB/4 Daytona Scaglietti (1971) : 700,000 – 900,000 €

• Lot 131 : Ferrari 512 BB (1977) : 400,000 – 450,000 €

   

 

Le contemporain à l’honneur chez Bonhams ?

De l’autre côté du pont Alexandre-III, dans l’antre du Grand Palais comme elle a pris goût d’y faire escale, la maison britannique Bonhams semble s’être placée sur un créneau quelque peu différent de ses concurrents, en mettant à l’honneur des voitures plus récentes. On peut en effet s’étonner de voir s’installer dans la liste de ses dix meilleures ventes, cinq modèles produits au XXIème siècle, dont une majorité de Ferrari, même si le podium est trusté par trois témoins des années 50 – 60. Mais à y regarder de plus près, il ne semble finalement s’agir que d’un effet grossissant puisque ce sont bien ces décennies qui ont été le plus remarquablement représentées de manière générale lors de cette vente.

Bonhams, vente du 04/02/16 (photos © Bonhams)

1. Lot 335 : Ferrari 275 GTB Berlinette Long Nose Pininfarina (1966) : 2,070 000 €

2. Lot 315 : Aston Martin DB4 Série IV Coupé (1961) : 609,500 €

3. Lot 370 : Bentley Petersen 61/2 Litre « Dartmoor » Coupé (1951) : 483,000 €

4. Lot 342 : Ferrari 550 Barchetta Pininfarina (2002) : 451,666 €

5. Lot 328 : Rolls-Royce Silver Cloud III Cabriolet (1964) : 425,500 €

6. Lot 365 : Ferrari 599 GTO (2010) : 425,500 €

7. Lot 332 : Mercedes-Benz McLaren SLR Roadster (2009) : 356,500 €

8. Lot 331 : Ferrari 575M Maranello Coupé (2002) : 345 000 €

9. Lot 326 : Ferrari 575 Superamerica (2005) : 333,500 €

10. Lot 333 : Jaguar XJ220 Coupé (1992) : 299,000 €

     

 

Quelques jolis lots supplémentaires (photos © Bonhams)

• Lot 356 : Citroën DS21 Cabriolet « Le Caddy » (ex-Chapron – Salon de l’Auto 67) (1967) : 264,500 €

• Lot 418 : Cadillac V16 Série 452 Double Phaëton (1930) : 230,000 €

• Lot 312 : Maserati Sebring 3,7 Litre Série II Coupé (1967) : 230,000 €

• Lot 422 : Lancia Aurelia B20 GT 2E Série Coupé (1952) : 143,750 €

• Lot 301 : Mercedes-Benz 280 SL Cabriolet avec Hardtop (1969) : 92,000 €

• Lot 385 : Mercedes-Benz 280 SL Cabriolet avec Hardtop (1969) : 89,700 €

   

 

En attendant Amelia Island

Ces ventes à peine achevées, on apprenait que le Amelia Island Concours d’Elegance, qui se tiendra dans un mois, accueillera la magnifique collection de Porsche du comédien américain Jerry Seinfeld, qui a décidé de s’en séparer, à contre cœur comme il l’a signifié. Au vu des premières informations distillées par Gooding & Company, qui s’est vue confier la mission de disperser ces belles allemandes, il y aura de quoi suivre l’événement d’un œil attentif. Rendez-vous est pris pour le 11 mars donc.

Gooding & Company, avant-goût de la vente du 11/03/16

• Porsche 550 Spyder 1955
• Porsche 356 A 1500 GS/GT Carrera Speedster 1958
• Porsche 911 Carrera 3.0 IROC RSR
• Porsche 356 A Speedster 1957
• Porsche 597 Jadwagen 1958
• Porsche 993 Cup 3.8 RSR 1997
• Porsche 911 1966
• Porsche 997 GT3 Cup 4.0 Brumos Commemoration Edition 2012
• Porsche 964 Turbo 3.6 Flachbau 1994
• Porsche 962 C 1990
• Porsche 356 B 2000 GS Carrera 2 Coupé 1963
• Porsche 997 Speedster 2011
• Porsche Carrera GT 2000
• Porsche 911 Carrera Speedster 1989
• Porsche 917/30 Can-Am Spyder 1973
• Porsche 718 RSK 1959