Raymond Kopa, le « Napoléon du football » fête ses 85 ans

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Raymond Kopa doit son surnom de « Napoléon du Football » à l’enthousiasme du journaliste britannique Desmond Hackett qui fut ébloui par l’étincelante prestation du français lors de la victoire des Bleus contre l’Espagne, le 17 mars 1955, au Stade Chamartín. Une enceinte qui deviendra le théâtre de ses exploits madrilènes une fois rebaptisé Santiago Bernabéu.

La destinée de Raymond Kopaszewski devait être immuable. Né à Nœux-les-Mines dans le Pas-de-Calais en 1931, de deux parents issus de familles polonaises arrivées en France au lendemain de la Première Guerre mondiale, c’est dans la noirceur des mines de houille de la région que le jeune homme aurait du cheminer. Ce que ne manquent pas de rappeler deux de ses doigts, mutilés lors d’un des fréquents accidents qui marquaient cette condition difficile. Son talent inné sur le pré vert vint heureusement contrecarrer cet accablant déterminisme.

La première étoile du football français 

Remarqué dès l’adolescence pour son agilité balle au pied, c’est pour le compte du club de sa ville natale qu’il débute sa carrière de footballeur. Les dix-huit ans approchant, il poursuit son ascension en devenant professionnel avec le SCO d’Angers, en 1949. C’est à ce moment là qu’il se voit affublé de son nom raccourci, sur une idée de son nouvel entraîneur Camille Cottin, peu à l’aise avec la prononciation de son patronyme polonais.

Si son nouveau club ne se distingue pas particulièrement en deuxième division, ce n’est pas le cas du joueur nordiste qui se montre sous un beau jour. Au bout de deux années sur les bords de la Maine, Raymond Kopa entend passer un nouveau palier, ce que semble être en mesure de lui offrir l’ambitieux Stade de Reims, qui s’intéresse à lui. Bien que tout autant désireux de rejoindre la Champagne, les tractations durent tout l’été, le joueur se montrant particulièrement exigeant financièrement ; preuve en est que ce cas de figure n’est finalement pas si nouveau dans le football.

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En négociant une prime de signature de 500 000 francs (12 000 euros) au lieu des 300 000 francs (7 200 euros) proposés par le Stade de Reims, Raymond Kopa a bien symbolisé les débuts de la professionnalisation des footballeurs en France.

Mais cet effort financier n’est pas vain pour Reims qui s’apprête à connaître une décennie 50 merveilleuse. Au point d’installer le club dans le panthéon du football hexagonal. Outre deux titres de champions de France, Raymond Kopa contribue largement à la superbe épopée rémoise lors de la Coupe des Clubs Champions européens 1956. L’intouchable Real Madrid empêche cependant Albert Batteux et ses ouailles de soulever la coupe.

Un club merengue qui se montre particulièrement intéressé par le talentueux milieu offensif rémois qui rejoint la capitale espagnole la saison suivante. Un arrangement consenti par le président Henri Germain qui récupère en contrepartie la somme faramineuse de 52 000 000 de francs de l’époque (1 250 000 euros). Un montant qui permet au club de compenser ce départ par l’arrivée de trois joueurs cadres de la sélection française : Jean Vincent, Roger Piantoni et Just Fontaine.

Malgré la concurrence féroce existant sur le front de l’attaque madrilène – entre Alfredo Di Stéfano, Ferenc Puskás et Francisco Gento – Raymond Kopa parvient à faire son trou sous la tunique blanche, participant allègrement à la domination outrageuse du Real Madrid sur le Vieux Continent.

L’année 1958 constitue par ailleurs le firmament de la carrière du nordiste. Après avoir remporté son deuxième championnat espagnol, il lève dans le même temps son deuxième trophée européen, après quoi il brille sous le maillot bleu lors du Mondial suédois. Élu meilleur joueur du tournoi, sa performance ne sera pas pour rien dans son obtention du Ballon d’Or, au nez et à la barbe de son compère de club hispano-argentin, Alfredo Di Stéfano.

Après un dernier exercice de l’autre côté des Pyrénées, Raymond Kopa décide de revenir en terre champenoise à l’issue de la saison 1958-1959. Les rouges et blancs amorcent cependant un lent déclin qui coïncide avec le départ de l’inoubliable Albert Batteux au poste d’entraîneur, en 1963. Le club connaît la relégation et s’installe dans la délicate routine de l’ascenseur. Raymond Kopa raccroche finalement les crampons en 1967, à 35 ans. Il poursuivra néanmoins la pratique de son sport favori en amateur jusqu’à l’âge canonique de 70 ans !

Une figure active hors des terrains

Comme on a pu l’observer précédemment au travers de son âpreté dans la négociation de ses contrats, Raymond Kopa a rapidement envisagé la nécessité d’encadrer les footballeurs dans leurs tractations avec les clubs. Ce n’est dès lors pas par hasard qu’il soutient l’initiative impulsée en 1961 par son ami Just Fontaine et le camerounais Eugène N’Jo Léa de créer l’UNFP, le premier syndicat des joueurs de football professionnels.

Son implication en devient même turbulente lorsqu’en 1963, il déclare expressément à la presse que « les joueurs sont des esclaves ». Une sortie qui lui vaudra six mois de suspension, mais dans le même temps une image de défenseur de la cause des joueurs. Il faut dire que jusqu’à la fin des années 60, ces derniers appartenaient de manière inflexible à leur club le plus souvent contre une rémunération bien éloignée des sommes exubérantes atteintes aujourd’hui.

 

Un point qui nous amène à un autre type d’activités qui a rythmé la vie post-football de Raymond Kopa. Malgré le statut hors pair de ce beau dribbleur dans l’histoire du football français, il n’a pas entendu embrasser un destin d’entraîneur qui pouvait lui tendre les bras. Il préféra se lancer dans diverses aventures commerciales, en lançant par exemple sa propre marque d’articles de sport. Une prise de conscience de la valeur marchande de son image qui inspirera bon nombre de ses successeursPelé en tête.

 

Raymond Kopa élégant

 

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