Persol ou l’orchestration d’un patrimoine

Mino Doro et Guido Alberti portent des Persol dans 'Huit et Demi' (1963)

Les modèles Persol que portent Mino Doro et Guido Alberti dans Huit et Demi renvoient à la collection Galleria 900, édition spéciale actuelle qui rend hommage au passé de la marque

En visionnant Huit et demi, œuvre de Federico Fellini (1963), il m’est apparu intéressant d’évoquer le cas d’un lunetier à l’aura bien particulière, l’italien Persol. Plusieurs protagonistes s’affichent en effet tout au long du film avec des montures siglées des fameuses flèches « Suprêmes ». Mais la réputation des lunettes Persol, bien avant de devenir cet accessoire modeux par excellence,  s’est fondée sur leur praticité.

L'infatigable Juan Manuel Fangio a usé des paires de Protector au volant de ses bolides

L’infatigable Juan Manuel Fangio a usé des paires de Protector au volant de ses bolides

C’est au photographe et opticien Giuseppe Ratti que l’on doit la création de cette entreprise désormais centenaire. Sa volonté originelle était de proposer des lunettes protectrices aux pilotes en tous genres, dont la soif d’exploits s’avère grande au lendemain de la Grande Guerre. Les aviateurs Francesco De Pinedo, Arturo Ferrarin ou le tempétueux Gabriele D’Annunzio – proche des futuristes – ont été en ce sens de formidables porte-étendards du modèle Protector, qui a fait la
renommée de la maison. Au cours de l’Entre-deux-guerres, cette dernière production ne cesse de s’améliorer, accumulant les brevets.

Jean Alesi, "testimonial" Persol entre 1996 et 1997, alors pilote Benetton-Renault. La marque apparaît notamment sur son casque blanc, rouge et noir, en hommage au pilote italien Elio de Angelis

Entre 1996 et 1997, alors pilote Benetton-Renault, Jean Alesi se lie avec le lunetier transalpin, qui fait son apparition sur son fameux casque blanc, rouge et noir rendant hommage au pilote italien Elio de Angelis

Un souci de performance qui se matérialise dans l’accompagnement de nombreuses aventures extrêmes – entre virés dans l’espace, rallyes-raid tels que le Paris-Dakar ou encore ascensions de hauts sommets. Ce positionnement se trouve néanmoins largement ébranlé le XXIème siècle approchant. En 1995, Persol se fait racheter par le potentat du secteur : Luxottica. Conscient qu’il tient là une pépite, le géant milanais imagine alors pour sa nouvelle acquisition un fort développement international sans entamer pour autant la résonance solaire diffusée par cette paire de syllabes, contraction de l’expression Per il sole (« pour le soleil »). Pour assurer ce grand écart, le groupe multiplie les ouvertures de boutiques aux quatre coins du monde tout en maintenant la production dans l’usine historique de Lauriano, attraction du made in Italy oblige.

 

Le footballeur Alessandro Del Piero a attaché son image à celle de Persol

Attentif à son image, le mythique footballeur italien Alessandro Del Piero a longtemps vanté les mérites de Persol

Mais plutôt que de miser à tout crin sur le savoir-faire historique de la maison, c’est sa dimension glamour et artistique qui est désormais mise en exergue. À partir des années 60, les flèches, inspirées des glaives antiques, qui font office de charnières, sont visibles sur les visages de nombreuses légendes du cinéma. Les plus éminentes demeurent incontestablement Marcello Mastroianni avec ses 649 dans Divorce à l’Italienne (1961) et Steve McQueen avec ses 714 dans L’Affaire Thomas Crown (1968). La maison ne manquera pas d’infiltrer par la suite la sage James Bond. Aujourd’hui, la communication de la marque se détache encore un peu plus de ses origines en se voulant arty. Ce qu’attestent les collaborations réalisées avec des artistes contemporains tels que Francesca Gabbiani, Xing Danwen, Tjorg Douglas Beer ou plus récemment le calligraphe Paul Antonio Scribe et le réalisateur Vincent Gallo.

Marcello Mastroianni arbore des Persol 649 dans 'Divorce à l'Italienne' (1961)

Magistral dans ‘Divorce à l’Italienne’ (1961), Marcello Mastroianni y arbore des Persol 649. Un modèle imaginé à la fin des années 50 pour les conducteurs de tramways turinois.

 

Persol 649 Meflecto Persol Victor Flex

Le modèle 649 concentre le savoir-faire de Persol. Sa structure lourde et imposante est notamment rendue plus agréable au porté grâce à la technologie Meflecto – les deux cylindres insérés dans chaque branche – qui permet d’épargner les tempes. Le Persol Victor Flex – les trois entailles visibles sur le pont de la monture – poursuit de son côté le même objectif de flexibilité et de confort sur la face des lunettes. © F&G

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