Jochen Rindt, le trublion autrichien

Jochen Rindt et sa Porsche 911 en 1967

Figure glamour de la Formule 1 à la destinée tragique, le pilote autrichien demeure le seul à avoir été sacré à titre posthume. Ce qui lui confère une place toute particulière dans le cénacle des pilotes de légende, pourtant bien garnie. C’était il y a 45 ans.

Des débuts fracassants dans l’insouciance

Issu d’une famille autrichienne aisée installée en Allemagne – son père dirige l’entreprise familiale, sa mère est avocate – Jochen Rindt devient orphelin dès l’âge d’un an. Les bombardements d’Hambourg ont eu raison de ses parents en 1943. C’est dès lors auprès de ses grands-parents qu’il grandit, à Graz.

Très vite mordu de vitesse, il s’aguerrie à la conduite lors de courses improvisées avec ses amis, dans l’intrépidité la plus totale. Parmi ceux-là, on trouve Helmut Marko, aujourd’hui à la tête de la filière jeune de Red Bull Racing.

Tout juste majeur et en marge de ses études en école de commerce qui ne le passionnent que très modérément, Jochen Rindt concourt dans des courses régionales. A 21 ans, il se paye même une Cooper Formule Junior, grâce au conséquent héritage que lui ont laissé ses parents.

 

Les choses deviennent plus sérieuses en 1964, lorsqu’il débute en Formule 2 avec une Brabham obtenue avec le soutien de Ford Autriche. Une discipline qu’il ne délaissera jamais, quand bien même la Formule 1 lui ouvrira ses portes. Ses premiers faits d’armes ne se font pas attendre avec une pôle position à Mallory Park et une victoire lors du London Trophy de Crystal Palace devant Graham Hill, qui deviendra à la fin de sa courte carrière son coéquipier.

Par ailleurs, il se montre tout aussi à l’aise en catégorie sport avec un podium au 1000 kilomètres du Nürburgring et une victoire aux 24 Heures du Mans au cours de l’année 1965.

 

Formule 1 : le triomphe au terme d’un chemin sinueux et dramatique

Parallèlement, il effectue des débuts plutôt difficiles dans la catégorie reine avec Cooper. Il faut dire que l’éclat de la mythique écurie britannique s’érode – elle quittera la discipline en 1968. Si sa deuxième saison est plus positive, grâce notamment à son exploit à Spa sur lequel nous reviendrons plus tard, il peine à jouer les premiers rôles au volant des vieillissantes Cooper à moteur Climax. La rupture est consommée entre les deux parties lors du grand prix des Etats-Unis, où il casse volontairement son moteur en l’envoyant dans un ultime surrégime à 12 000 tr/min.

En 1968, il rejoint Jack Brabham et son écurie éponyme. Si les deux hommes s’entendent à merveille, la BT26 et son moteur Repco s’avèrent trop limités pour permettre à ses pilotes de faire bonne figure. C’est dès lors un peu à contre-coeur qu’il accepte pour la saison 1969, une offre mirobolante de Colin Chapman pour rejoindre Lotus en vue de succéder à l’immense Jim Clark qui s’est tué à Hockenheim.

Mais les rapports entre les deux protagonistes se dégradent rapidement. La faute à des querelles chroniques autour du caractère peu rassurant des bolides de Chapman, pour qui la notion de sécurité passe au second rang. Ce qu’illustre parfaitement la Lotus 63 à quatre roues motrices. Prévue pour la saison 1969, cette dernière se montre tellement imprévisible que Jochen Rindt et Graham Hill mettent tout en œuvre pour continuer de courir avec la vieillissante mais fiable Lotus 49B. Le premier termine l’exercice au pied du podium, le second à la septième place.

 

La situation se reproduit l’année suivante. La Lotus 72, bien qu’extraordinairement performante, reste un engin fort délicat à manier. Si elle permet à Rindt de prendre largement l’avantage sur ses concurrents, c’est néanmoins bien elle qui l’envoie dans le décor de la parabolica lors des essais qualificatifs du grand prix de Monza. L’autrichien ne réchappera pas de cet accident. Il ne lui restait alors plus que quatre courses pour remporter sa première couronne mondiale et honorer la promesse qu’il avait faite à sa femme Nina : prendre sa retraite à l’issue de ce sacre.

Clay Regazzoni et Jacky chez Ferrari lors de la saison 1970

Clay Regazzoni et Jacky Ickx : les pilotes Ferrari ne reprendront jamais l’avance que Rindt avait cumulé tout au long de la saison 1970, avant sa disparition.

Une personnalité phare de la F1 des sixties

A son arrivée en Formule 1, Jochen Rindt a quelque peu détonné au milieu des habitués du plateau. Il faut dire que dans les années 60, la discipline est particulièrement anglicisée, baignant ainsi dans la discrétion qui va avec. Le jeune autrichien, au volant de ses Jaguar Type E ou autres Porsche, affublé de tenues quelque peu excentriques, a immédiatement été perçu comme un jeune parvenu, malgré ses résultats probants.

Le temps s’écoulant, Rindt est devenu un pilier du paddock. Charismatique mais aussi caractériel, comme l’ont attestées ses relations tumultueuses, tant avec John Cooper – devant qui il insultait régulièrement sa monoplace dans la langue de Goethe – qu’avec Colin Chapman, son talent de pilote est rapidement devenu incontestable.

 

Un événement a notamment joué en ce sens. Il s’agit du grand prix de Spa 1966. Sous des trombes d’eau, le natif de Mayence termine deuxième derrière le britannique John Surtees alors que le différentiel de sa Cooper à moteur Maserati, l’a complètement lâché.

Enfin, comment ne pas évoquer la présence inconditionnelle de sa femme Nina – fille du pilote Curt Lincoln – sur les circuits du monde entier, qui a indubitablement été l’atout charme du pilote autrichien. Il est intéressant d’observer que chacun d’eux sont même devenus de véritables icônes horlogères, Nina avec le chrono Universal Genève Compax et Jochen, en tout bon pilote de l’époque qui se respecte, avec une Heuer Autavia.

Inséparable de ses Ray Ban Caravan

Jochen Rindt, inséparable de ses Ray Ban Caravan

 

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