
Dans le contexte actuel de restrictions, le secteur de l’événementiel peine à recouvrer ses activités. L’édition 2021 du salon Rétromobile s’est ainsi vue repoussée au mois de juin prochain. Ce qui n’a pas empêché Artcurial Motorcars d’organiser sa première vente de l’année, toujours en partenariat avec le salon qui l’accueille habituellement.
Si l’offre s’est montrée plus circonscrite qu’à l’accoutumée avec seulement une quarantaine de lots proposés, sa qualité n’a pas variée. En marge des quelques grands classiques produits par Aston Martin, Porsche, Bentley, Bugatti ou encore Lancia, habitués des podiums, ont notamment été réunis – en provenance du célèbre Manoir de l’Automobile de Lohéac – les plus fameuses actrices de la caste du Groupe B qui enivra puissamment le sport auto des années 80.
Cette fabuleuse catégorie de rallye, dont la fulgurance temporelle n’aura eu d’égal que les performances de ses protagonistes, a cependant été abolie par la FIA en 1986, par suite des trop nombreuses tragédies qui rythmèrent les épreuves, le tournant fatal restant la disparition d’Henri Toivonen et de son copilote Sergio Cresto à l’occasion du Tour de Corse de la même année. Ces engins, démoniaques tant dans leur aspect que jusque dans leurs entrailles, constituent toutefois la quintessence de la discipline, expliquant notamment l’enchère record atteinte par l’Audi Quattro S1 ayant participé à la première « Course des Champions » organisée par la pilote française Michèle Mouton en 1988, en hommage à Toivonen justement.
Le joyau de cette vente était pourtant ailleurs et représentait une page du sport automobile tout aussi grandiose et fugace, qui plus est à l’échelle hexagonale. Le musée Matra, qui renferme du côté de Romorantin-Lanthenay les purs-sangs de la défunte marque éponyme symbole d’une des plus brillantes réussites françaises sur les circuits internationaux durant les années 70, a en effet vu le groupe Lagardère – qui l’administre -, l’amputer de sa mythique MS 670 n°11 emmenée par Graham Hill et Henri Pescarolo à la victoire lors de l’édition 1972 des 24 Heures du Mans. Outre la pureté de sa ligne et son palmarès, c’est la sonorité de son V12 qui lui donna, à n’en pas douter, ses lettres de noblesse.
Un pédigrée qui ne pouvait en définitive qu’occasionner une féroce joute entre enchérisseurs, atteignant ainsi la barre des cinq millions d’euros, hors frais. Le bolide bleu et vert quittera finalement la France pour une autre contrée européenne, au grand dam d’Henri Pescarolo, qui a fustigé dans la foulée l’incapacité vernaculaire à conserver son patrimoine sportif. Gageons que son nouvel acquéreur saura néanmoins valoriser cette pièce unique au cours d’événements historiques qui l’accueilleront à bras ouverts.

Les dix meilleures ventes (photos © Artcurial Motorcars)
- Lot 05 : MATRA MS 670 (1972) : 6,970,200 €
- Lot 09 : AUDI Sport Quattro S1 (1988) : 2,016,600 €
- Lot 27 : ASTON MARTIN DB4 GT (1959) : 1,358,800 €
- Lot 24 : ASTON MARTIN Short Chassis Volante (1965) : 1,158,600 €
- Lot 07 : PEUGEOT 205 Turbo 16 Evolution 2 (1985) : 977,440 €
- Lot 08 : LANCIA Delta S4 (1986) : 810,560 €
- Lot 23 : ASTON MARTIN DB5 Vantage (1965) : 810,560 €
- Lot 11 : RENAULT 5 Maxi Turbo (1985) : 667,520 €
- Lot 12 : LANCIA 037 (1985) : 548,320 €
- Lot 06 : FORD RS200 (1986) : 381,440 €









