Une descendance pour Der Bomber ?

Habituellement avare en compliments, Franz Beckenbauer n’a jamais manqué de saluer l’importance de Gerd Müller dans la période faste que représentèrent les seventies pour la Mannschaft et le Bayern Munich

Bien avant Robert Lewandowski aujourd’hui, le Bayern Munich connut dès la fin des années 60 le luxe que pouvait représenter un numéro 9 insatiable. Ce buteur, c’était Gerd Müller et la seule interrogation d’avant match qui planait autour de lui n’était alors pas s’il allait marquer, mais combien de pions allait-il planter ?

À la différence du polonais, actuel artificier en chef de la machine de guerre bavaroise avec qui la comparaison ne semble que trop facile, Müller était de ces buteurs qui n’existaient que dans la surface de réparation adverse ; aux abonnés absents dans le jeu, il surgissait tel un beau diable de sa boîte pour venir crucifier le portier croisant son chemin. Aussi efficace des deux pieds que de la tête – malgré une taille contenue compensée par un excellent sens du timing -, obnubilé par l’idée de pousser le ballon derrière la ligne de but opposée, il pouvait (devait) marquer dans n’importe quelle position.

Les décennies qui s’ensuivirent révélèrent de nombreux « renards des surfaces » de cette trempe parmi lesquels citons Ruud van Nistelrooy, David Trezeguet ou encore Filippo Inzaghi. Malgré l’impact de ces derniers sur le cours de nombreux grands matchs, jamais leurs statistiques ne purent cependant atteindre celles dantesques du « bombardier », qui marqua notamment au cours des finales des plus importantes compétitions qu’il eut l’occasion de disputer : Euro (1972), Coupe du monde (1974) et Coupe des Club Champions (1974 & 1975). Mais c’est davantage encore son total hallucinant de 85 buts sur une année civile (1972) qui le fit entrer dans l’Histoire. Une performance immense qui ne fut dépassée que quarante ans plus tard, par un Lionel Messi stratosphérique qui fit culminer en cette année 2012 le record à 91 unités.

Mais si un joueur contemporain paraît avoir finalement repris le flambeau, c’est Thomas Müller. Bien que ce dernier ne présente aucun lien de parenté avec son glorieux aîné, il partage en effet avec lui une indubitable filiation dans son style de jeu. Enjoint par le foot moderne à une plus grande polyvalence le permettant d’évoluer plus reculé au milieu de terrain ou déporté sur un côté, passeur décisif inlassable plutôt que buteur compulsif, sa présence déroutante dans la surface de réparation ne manque pourtant pas de rappeler celle de son mentor.

Il va sans dire que dans le football de mouvement qui préside aujourd’hui, où des milieux offensifs créatifs se retrouvent alignés comme attaquant de pointe pour satisfaire les lubies tactiques de quelques sorciers, où un attaquant se retrouve cloué au pilori dès qu’il ne répète pas les efforts défensifs au prix le plus souvent de sa lucidité devant le but, le profil « müllerien » ne semble guère plus avoir d’avenir, marquant ainsi la fin d’une courte lignée.


Alors dans le staff de différentes équipes de jeunes du Bayern Munich, Gerd Müller a contribué à la progression de certains futurs grands cadres allemands du début des années 2000/2010, parmi lesquels Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger et Thomas Müller ici en photo

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